Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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La Proie


France / 2011

13.04.2011
 



CAVALE





"- Il vous a baisée comme il m'a baisé."

La Proie fait partie de ces polars d’action nerveux, plutôt rentre dedans, pas forcément très subtils mais, au final, pas si désagréables à regarder. Son leitmotiv est simple et tient en quelques mots : ne jamais laisser respirer le spectateur. Sur ce point, la mission n’est qu’à moitié remplie et, au même titre qu’A bout portant de Fred Cavayé, le film a du mal à tenir la distance. Ce n’est pas un drame en soi sauf lorsqu’il s’agit de l’unique point d’accroche d’une histoire "abracadabrantesque" peu soucieuse, donc, du principe de réalité.

L’idée du chasseur chassé formulée autour d’un trio intéressant – un serial killer, un braqueur, une femme flic – ne fonctionne que par intermittence même si le concept de départ est plutôt bien amené (les scènes dans la prison sont maîtrisées et brutales) pour nous proposer sans heurt la traque du braqueur (Albert Dupontel) sur le serial killer deviné. Sur ce point le film fonctionne. Albert Dupontel nous offre une performance remarquable et très physique entre cascades, courses-poursuites et castagnes. L’acteur, qui a d’ailleurs réalisé la quasi-totalité des cascades, rend, par son engagement, un hommage aux films français des années 70 dominé, il est vrai, par la figure tutélaire de Belmondo. La décontraction en moins. Mais là n’est pas l’essentiel. Malgré un manque de tension, Dupontel arrive à inscrire au film d’Eric Valette une urgence vraiment communicative. En ce sens il sauve La Proie de la morosité. Voire du convenu.

En effet, les autres personnages principaux souffrent de la comparaison, un peu comme si ils n’arrivaient jamais à imprégner leur marque. Ils suivent, subissent l’action, servent de pièces rapportées à la folle cavalcade d’un Dupontel déchainé. Si le traitement édulcoré du serial killer ne porte pas préjudice à la narration, son interprétation est, quant à elle, insipide. Il y en a tant comme lui dans les séries policières américaines. Rien ne le singularise. Tout est trop effacé ou trop lointain pour servir de point d’encrage tangible à la traque. Il ne suffit pas toujours de suggérer des choses horribles pour que celles-ci légitime une réaction. Il faut pouvoir créer des zones de fracture, sorte de crevasses psychologiques marquées au fer rouge. Le personnage interprété par un Sergi Lopez, hélas sous-exploité, va dans ce sens. Un peu. Pas suffisamment. Trop en guest star.

Idem pour la traque de la traque. Car l’idée de traquer un traqueur évadé de prison est bonne. Sur le papier. Dans les faits cela se complique un peu. Quand il s’agit d’en faire un prétexte dans la mise au point de scènes d’action, là on décroche ou l’on crie au scandale. Les flics avec comme chef de file une Alice Taglioni elle aussi en super forme (loin de son image glamour dans les comédies habituelles), manquent cruellement de relief au motif qu’il n’y a pas vraiment d’enquête. Par deux ou trois coups de baguette magique ils (les flics) se retrouvent sur les talons d’un Albert Dupontel presque surpris de les retrouver là. En somme, l’enquête ne sert à rien ou tout simplement de prétexte à la course-poursuite. Pas désagréable, celle-ci tient ses promesses malgré un dénouement que certains trouveront certainement fort de café.

La Proie n’est pas une réussite au sens cinématographique du terme. Il s’agit d’un spectacle populaire lorgnant du côté des canons américains. Ce qui n’en fait pas une mauvaise référence. Au contraire. Et puis Dupontel fait le reste, assurant presque à lui seul le spectacle de cette série B assumée jusqu’au bout et réservée au samedi soir.
 
geoffroy

 
 
 
 

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