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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Rio
USA / 2011
13.04.2011
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TRUE COLORS
«- C’est une fille qui préfère l’intelligence au plumage. »
Après les contrées frigorifiées de la préhistoire dans L’âge de glace, ses créateurs ont sans doute voulu un peu de chaleur tropicale et des couleurs exotiques. Rio est un divertissement honnête qui remplit son contrat transgénérationnel et moralement consensuel. Cela va de l’orphelin vivant dans un taudis et ayant bonne âme à une veille star déchue passée dans la force obscure.
Quelques moments donnent du relief à tant de prévisibilité. Le prologue musical, avec sa chorégraphie digne des années 50, donne l’occasion à ces oiseaux de Rio de s’amuser avant de déchanter. Un perroquet bleu sera migré de force au fin fond du Minnesota, autant dire au pôle nord. Incapable de voler, autant dire impuissant ou prépubère selon l’interprétation, il deviendra aussi intellectuel que sa maîtresse. De quoi créer les situations paradoxales, qui font sourire, une fois arrivés au Brésil. Forcément plus sexuel, débridé, voyou, vivant.
Derrière tout cela il y a un double danger qui créé l’enjeu écolo : l’extinction d’une espèce et la contrebande de volatile. Le tout se vernit de romance (la libraire et l’ornithologue, les deux perroquets où la femme porte définitivement la culotte), entre carnaval et favelas, plages et jungle. Il y a aussi des seconds rôles, souvent plus intéressants, comme ces singes chapardeurs qui font des sms hilarants en langage primate. Ne nous y trompons pas, c’est sans doute la meilleure publicité pour la future ville olympique. Une vraie carte postale, avec survol en delta plane et jolis culs en bikinis (car au Minnesota, « on ne remue pas son derrière »).
Malgré sa fantaisie et sa volonté de faire la fiesta, Rio n’est pas assez original pour nous transporter. Même la poursuite finale nous rappelle furieusement l’évasion hasardeuse de Chicken Run. L’ensemble est assez proche de Happy Feet, avec ses morceaux musicaux et son personnage principal « pas comme les autres ». L’un ne savait pas chanter, notre ara ne sait pas voler. Le petit trauma freudien se dépassera quand l’oiseau se décoincera. Pour le reste, c’est du déjà vu, mais pas du désagréable.
Mais les auteurs auraient pu aller un peu plus loin dans l’inventivité des situations et des dialogues. C’est d’autant plus frustrant que le générique de fin montre un happy end qui n’a pas grand chose à voir avec la conception de la famille américaine classique, et se rapproche davantage d’une vision métissée et donc brésilienne du monde.
vincy
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