Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Et soudain tout le monde me manque


France / 2011

20.04.2011
 



MON PERE, CE (ANTI-) HEROS





"Mettre au monde un nouvel enfant avec mon père comme père… c’est inconscient."

Avec son titre doux amer, ses personnages finement écrits et ses situations cocasses, Et soudain tout le monde me manque est la jolie surprise du printemps. Une comédie intelligente et tendre qui réussit l’exploit de nous mettre au bord des larmes sans en faire des tonnes. Juste en abordant avec beaucoup de sensibilité des thèmes qui parlent à tout le monde : la difficulté de dire à ses proches qu’on les aime, la sensation de passer à côté de quelqu’un, ou de soi-même, la peur qu’il soit trop tard pour se (re)trouver.

La grande force de Jennifer Devoldère est de mettre beaucoup d’elle-même dans ce qu’elle écrit. L’univers de Justine, décalé et presque enfantin, a quelque chose d’éminemment personnel, et donc de touchant. Bien sûr, le choix de Mélanie Laurent est excellent, tant il y avait longtemps que l’on n’avait pas vu l’actrice dans un rôle aussi intéressant. Son personnage, souvent à contretemps, boudeur, candide et nonchalant, cache derrière cette apparence à la fois insupportable et irrésistible son immense fragilité. Dans le rôle du père, Michel Blanc est son pendant masculin, immature et infernal. C’est probablement parce que ces deux-là se ressemblent autant qu’ils ont autant de mal à se parler et à se comprendre.

Mais Jennifer Devoldère a beau attribuer à chacun son lot de fêlures et de douleurs, elle refuse toute dérive vers le drame familial et illumine son intrigue de mille petites idées amusantes ou décalées. Justine radiographie tout ce qui lui tombe sous la main, Eli consulte un rabbin excédé pour des questions d’éthique religieuse, Dom rêve d’un bébé mis en vente sur ebay, qu’elle ne peut pas acheter parce que son compte paypal a été supprimé… Il y a aussi l’image formidable de ce père qui se lie secrètement d’amitié avec tous les ex-petits amis de sa fille pour avoir l’impression de se rapprocher d’elle. Tout est délicat et mesuré, en permanence sur le fil, et prenant souvent le contre-pied des films de famille traditionnels où rancoeurs et jalousies finissent par tout gâcher. Dans Et soudain tout le monde me manque, on s’engueule parfois, mais hors des regards on se soutient et l’on s’aime, sans forcément le crier sur les toits. Pourtant rien n’est mièvre et même ce qui pourrait être considéré comme une facilité scénaristique (notamment le rebondissement final) apporte en réalité une profondeur supplémentaire à l’intrigue. Formidable catalyseur d’émotions et de sentiments, le film nous laisse à la fois joyeux et pensifs, plein d’énergie et un peu groggy. L’écran s’éteint, on se retrouve seul avec sa propre histoire, et soudain, tout le monde nous manque.
 
MpM

 
 
 
 

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