Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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B.A.T. Bon à tirer (Hall Pass)


USA / 2011

27.04.2011
 



VERY BAD WEEK





«- Il est en Islande.
- Qu’est-ce qu’il fait là bas ?
- En Islande, y a les plus belles femmes du monde.
»

Les Frères Farrelly surprennent, mais pas dans le bon sens du terme. Eux qui nous avaient habitués à de la subversion et à la critique de la « normalité » américaine nous offrent avec Bon à tirer une comédie morale et insipide. Le mariage est une valeur sacrée, et la fidélité un de ses fondamentaux intouchables, tell est le propos. Surtout ne pas commettre d’infraction, même s’il y a la tentation. On se désole de voir tant de clichés judéo-chrétiens, sans nuances, et finalement assez crétins. Le scénario va même jusqu’à punir ceux qui auront pêché. Plus que classique, la comédie ne réserve aucun accro permettant de mesurer le dilemme ou d’accentuer la crise qui traverse ce couple WASP sauvé de bout en bout. Il y a ce qui est convenable et ce qui ne l’est pas : et finalement tout ceci est bien convenu. D’autant que le postulat de départ est bancal. Les hommes penseraient avec leur queue, les femmes souhaiteraient qu’on les désire, mais trouvent tout un tas de stratagème pour ne plus baiser avec leur mari. Avec un fossé pareil, la frustration des uns, l’abstinence des autres, l’enjeu est dévié de son véritable problème : la sexualité du couple. En voulant se moquer des hommes et en sacralisant les choix de la femme, les auteurs ont choisi un angle qui ne permet pas de résoudre complètement le problème. Ce qui peut expliquer pourquoi on en arrive à tant de fadeur.

Autre souci d’écriture : la part réservée aux uns et aux autres. Film à la gloire des (jolies) épouses, on pouvait s’attendre à un éloge du féminisme. Mais là encore la liberté sexuelle des femmes, si elle est bien abordée, retombe très vite dans la notion de culpabilité (tromper son mari c’est mal), ce qui coupe court à toute envie extérieure. Les hommes sont eux filmés comme des adolescents un peu abrutis, voire névrosés, incapables de draguer, bander ou même s’amuser. Cette absence de nuances et de second degré est une castration en règle des désirs. La diversité sexuelle n’existe pas. Son émancipation non plus. Une semaine hors mariage se résume à un Spring Break un peu extrême sans remise en question de la notion de couple. Les maris sont considérés comme des enfants, placés à l’arrière de la bagnole pour se faire engueuler. Et si la réponse à leurs problèmes est basique (faites l’amour, pas la guerre), le film préfère flirter avec l’interdit, sans jamais le transgresser.

Bien sûr les Frères Farrelly ont ponctué ce mauvais scénario de quelques gags désopilants : la branlette dans la voiture, la gothique patchée qui veut vomir mais qui fera pire, le sauvetage du jacuzzi par un afro-américain nu et très bien membré… plus c’est grossier, plus ça fonctionne. On peut rigoler entre copains, mais soyons sérieux dans le foyer familial. Bon à tirer montre bien que les excès (bouffe, drogue, alcool, jeu, plaisanteries graveleuses) ne sont là que pour laisser siffler les soupapes de ces hommes-cocotte-minute. On notera avec délectation que le jour 4 de cette semaine off est le plus drôle, sur le principe « les plus courtes sont les meilleures ». A l’inverse, les plus répétitives sont les moins drôles. Les personnages secondaires, eux-mêmes très clichés, agrémentent avec un peu de piment l’ensemble. Ce film cible sans doute les ados boutonneux qui croient encore qu’on peut s’éclater avec une PSP, bouffer du Macdo, épouser la femme de ses rêves et lui faire l’amour tous les jours sans avoir à se masturber de temps en temps. Mais, au final, on l’aura compris : il n’y avait rien à en tirer.
 
vincy

 
 
 
 

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