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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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La fille du puisatier
France / 2011
20.04.2011
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TON MALHEUR EST À MOI
« - C’est une déclaration d’amour ?
- Ou de faiblesse ».
Pagnol c’est toujours synonyme de cinéma populaire, avec son accent, ses bons sentiments, ses costumes d’époque et le soleil de Provence. La fille du Puisatier n’échappe pas à la règle. Dans la lignée du diptyque La gloire de mon père / le château de ma mère, Daniel Auteuil, dont c’est le premier film, réalise un téléfilm fastueux mais sans emphase autour d’une histoire de répudiation. Si le texte est toujours aussi beau, l’histoire paraît désuète, et ses enjeux dépassés.
On peut comprendre cependant l’envie d’Auteuil de mettre Pagnol en images. Cet enfant d’Avignon qui doit tant à son personnage d’Ugolin dans Jean de Florette et Manon des Sources (César, Emmanuelle Béart…) a pu se sentir en confiance pour faire ses premiers pas derrière la caméra. Ce n’est pas raté, on a vu largement pire, mais il n’y a aucune audace, aucune envolée, rien de spécifique ou de singulier.
La fille du puisatier a quand même quelques atouts non négligeables qui permettent d’être agréablement portés par certains moments. Auteuil (qui a les plus belles réparties et les scènes les plus fortes), Darroussin, Azéma et Duvauchelle sont impeccables chacun dans leurs rôles. Darroussin nous offre même la première bonne scène du film après un prologue fastidieux et longuet. Ce que l’on retient surtout de ce mélo sur fond de luttes des classes c’est … la musique. Alexandre Desplats signe une partition sublime, qui, même envahissante, permet de faire oublier la vacuité de certaines images naturalistes ou de séquences s’inspirant du Patient Anglais (sans l’ampleur). Desplats, avec justesse, donne du souffle, du drame, de la beauté avec sa douce symphonie envoûtante.
A l’inverse, Kad Merad est risible en gars du sud, jouant toujours le même rôle de benêt au grand cœur. Et surtout Astrid Bergès-Frisbey, nouvel espoir du cinéma français, sonne faux dès sa première phrase. Son jeu est maladroit. Elle ne parvient jamais à construire un personnage nuancé et intriguant. Elle fait cruche. Sa beauté n’est pas en question. Elle se fait juste bouffer tout cru par chacun de ses partenaires.
Dans ce marivaudage plein de manigances, où le malheur, l’honneur et l’amour sont une saïte trinité, la faconde de Pagnol aurait été valorisée par un peu plus de nervosité et de personnalité. En se reposant trop sur le texte et sur le jeu des comédiens, Auteuil a encore à prouver qu’il a l’étoffe d’un cinéaste.
vincy
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