|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
|
Mainline (Khoon Bâzi)
/ 2006
20.04.2011
|
|
|
|
|
|
HEROINE MALGRE ELLE
"Ils sont tous comme moi. Ils sont même pires. Ils le font tous. Coke, opium, héro.
On est peu habitué à voir le cinéma iranien aborder le sujet de la drogue et de la dépendance, qui, dans le pays, représentent à la fois un fléau énorme et un tabou tenace. A ce titre, le film de Rakhshan Bani-Etemad et Mohsen Abdolvahab est d'autant plus édifiant qu'il ne s'intéresse pas à une consommation marginale dans les bas-fonds de Téhéran, mais à celle d'une "jeunesse dorée" évoluant dans les beaux quartiers. C'est ainsi un Iran résolument moderne qui apparaît à l'écran : high-tech, gratte-ciels, centres commerciaux rutilants...
La jeune Sara évolue dans un monde en apparence idyllique (ses parents sont aimants et libéraux, son fiancé est merveilleux, l'argent n'est jamais un problème...) et ne pense pourtant qu'à s'auto-détruire. On peut lire entre les lignes que la prospérité matérielle ne fait pas tout et que la jeunesse iranienne étouffe dans le carcan rigide que lui impose le régime. Mais dans le cas de Sara, rien n'est réellement expliqué, et au fond, peu importent les raisons qui ont poussé la jeune fille à se droguer. Ce que filme le duo de réalisateurs, c'est l'impact de cette dépendance sur son existence et celle de ses proches et surtout le long combat qui la mine, heure après heure, jour après jour.
Cinématographiquement parlant, cela donne un film âpre, presque insupportable, où alternent explosions de rage ou de douleur et moments de calme. Comme dans un cauchemar, rien d'autre ne semble pouvoir arriver qu'un nouveau shoot, ou une nouvelle crise de manque, et l'horizon des deux personnages, comme celui de l'intrigue, se résume à cette alternative éternellement répétée. On comprend la démarche scénaristique (placer le spectateur dans la même situation que la mère de Sara, témoin impuissant, et lui faire ressentir tout l'horreur de cette situation), mais il est difficile d'y adhérer car la démonstration semble soit trop simpliste, soit pas assez radicale. Passée la première impression de choc dûe au sujet, on attend que le film aille au-delà et se mouille un peu. Peu importe qu'il choisisse de rester dans un format quasi documentaire, ou laisse au contraire le romanesque l'emporter, mais tout aurait mieux valu que ce film inabouti et un peu vain.
MpM
|
|
|