Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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La ballade de l'impossible (Norwegian Wood)


Japon / 2010

04.05.2011
 



A L’IMPOSSIBLE, NUL N’EST TENU





« - Tu ne parles pas beaucoup…
- Je ne suis pas douée pour parler, excuse-moi.
- Pas de problème. Je ne suis pas bavard non plus.
»

Adapter le merveilleux roman de Haruki Murakami était probablement dès le départ une mission impossible. Trop de subtilité dans l’intrigue, de foisonnement dans les détails, de richesse stylistique. Les inconditionnels du livre trouveront donc bien des défauts à l’adaptation pourtant fidèle qu’en donne Tran Anh Hung. Ne serait-ce que parce que le charme et la force dramatique du texte de Murakami ne tiennent pas tant à l’intrigue qu’à l’atmosphère distillée par le style de l’écrivain.

Or, même si l’on retrouve dans le film l’essentiel des aventures de Watanabe, ni sa personnalité attachante, ni la mélancolie et l’ironie du roman ne transparaissent. Le réalisateur a beau user d’une mise en scène élégante, soigner chaque plan comme une œuvre d’art, et filmer ses acteurs avec beaucoup de tendresse, il ne peut empêcher un certain ennui, voire une impression de vacuité.

C’est que le passage au cinéma gomme l’humour propre au roman (on ne connaît plus les pensées intérieures de Watanabe, ni tous les détails truculents qu’il relève avec une candeur irrésistible) et de ce fait, atténue l'intensité des émotions qui apportaient une autre dimension à l'intrigue principale.

Par ailleurs, les acteurs s’en sortent inégalement. Kenichi Matsuyama s’avère un excellent choix, dans la mesure où il se retient en permanence de jouer, comme s’il voulait devenir minéral et insaisissable. Un être-spectateur, qui a du mal à prendre en mains son propre destin. Dans le même registre, Rinko Kikuchi est très bien elle aussi. Toujours un peu absente, troublante de fragilité et de délicatesse, mystérieuse et désespérée. En revanche, Kiko Mizuhara est trop maniérée pour le rôle de la franche Midori. Trop fragile elle-aussi, manquant de vivacité. Le couple qu’elle forme avec Kenichi Matsuyama est plus artificiel, plus convenu.

Toutefois, cette ballade de l’impossible garde malgré tout certaines intonations de l’original, et notamment ses plus grandes fulgurances sur les difficultés de l’amour et le mal de vivre. Derrière le scénario forcément réducteur de Tran Anh Hung se profile la petite musique inimitable de Haruki Murakami. Entre la déception de découvrir un film en deçà du roman, et la frustration de ne pas expérimenter cette nouvelle version de l’histoire, on choisira donc de préférence la première solution. Avant de se précipiter sur le roman pour en goûter à nouveau, par contraste, toutes les saveurs délicates.
 
MpM

 
 
 
 

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