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Amour, mensonge et sex
« Quand on aime quelqu’un on le veut seulement pour soi. »
La comédie dramatique de Rajko Gic traite de l’adultère à notre époque. Sujet maintes fois traité au cinéma. Aussi, malgré un bon équilibre entre légèreté, scènes de sexes crues et réflexion sur la routine de la vie et du couple, Rajko Grlic ne détonne pas beaucoup.
Le film commence par la mort d’un vieillard, et ses deux fils, Nikola, interprété par le célèbre et talentueux Miki Manojlovic (Papa est en voyage d’affaire ; Chat noir, chat blanc), et Braco, joué par Bojan Navojec, sont présents à son chevet. On le comprend vite, les fils partagent une passion
commune avec leur père, artiste-peintre, décédé ; celle de la chair et des belles femmes. On va donc suivre ces deux hommes dans leur vie quotidienne, entre amour, mensonges, ruptures et sexe.
L’adultère, on le comprend vite, est traitée ici de manière équitable du côté du trompé et du trompeur. Les femmes en sont souvent les victimes,
comme celle de Nikola, Anamarija (Ksenija Marinkovic), mais d’autres rebondissent assez facilement, comme Maja, celle de Braco (Buga Simic). Cependant, Juste entre nous est aussi l’histoire de deux frères. L’un a réussi socialement, a émigré aux Etats-Unis et est revenu avec toute sa
fortune (Nikola). L’autre est fonctionnaire, professeur, et malgré la jalousie et les critiques qu’il assène à son frère aîné, ne se prive pas de lui soutirer de l’argent. On voit qu’un lien fort les unit, bien plus que fraternel. Surtout, malgré leurs efforts pour jouir de la vie (et des jolies jeunes filles), ils sont un peu dépassés par les évènements. Nikola mène une double vie depuis des années et sa culpabilité le transforme en hypocondriaque stressé. Braco va tout faire pour récupérer sa femme, alors qu’elle l’a jeté du foyer conjugal, lassée de ses infidélités.
On voit bien que le propos de Rajko Grlić est de se servir d’un thème universel, la vie conjugale et ses infidélités, pour tenir un propos plus large sur la société. On regarde ces deux frères quarantenaires, qui tentent bien malgré eux de satisfaire leur épouse tout en refusant de se conformer à une monogamie institutionnelle. Le second degré est très
important dans le film, car il permet d’aborder le sujet du point de vue des amants, dont les désirs finissent par se résumer au sexe et à l’argent. La satire se retrouve encore à la fin, qui prend le parti d’ériger la famille en valeur clé, alors que celle-ci est aussi embourbée dans des intrigues sexuelles peu catholiques. Un film léger et satirique, mais qui ne pousse pas le thème de l’infidélité très loin, et qui le résume trop souvent (à tort ou à raison ?) au mythe de la grande insatisfaction sexuelle masculine.
Sarah
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