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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Beginners
USA / 2010
15.06.2011
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FATHER'S GAY
"Ok, mais quand tu la revois, ne lui dis pas que tu es tagueur de sensibilisation à l’Histoire."
Beginners aurait pu être une comédie romantique de plus, avec son couple d’amoureux paumés, ses seconds rôles cocasses et son sens des situations burlesques. Mais en lui adjoignant un deuxième volet traitant des relations entre le personnage principal et son père, Mike Mills tire le film vers une tonalité plus mélancolique qui lui apporte une profondeur et une force dramatique supplémentaires. A l’écran, cela se traduit par un montage parallèle des scènes situées dans le présent, qui racontent l’histoire d’amour entre Oliver et Anna, une jeune comédienne française, et des scènes situées dans le passé, qui reviennent sur les dernières années de la vie de Hal, le père d’Oliver.
La mélancolie du héros (double explicite du réalisateur, qui s’est inspiré de sa propre vie pour écrire le scénario) prend alors tout son sens au fur et à mesure que l’on découvre la personnalité de Hal, senior bien dans sa peau qui décide de faire son coming-out puis de vivre pleinement son homosexualité à l’âge de 75 ans. De manière plutôt originale, la relation entre le père et le fils n’est pas conflictuelle, au contraire ils sont très proches l’un de l’autre, mais elle laisse malgré tout Oliver désemparé et perdu. Il souffre par ricochet de l’image morne que ses parents lui ont donné du couple, et ne parvient pas à s’autoriser un bonheur amoureux auquel ils avaient renoncé. Il est par ailleurs dépassé par la deuxième jeunesse de son père, non parce qu’il la condamne, mais parce qu’elle le renvoie à ses propres échecs.
Le montage syncopé ainsi que l’inventivité de la mise en scène (notamment les énumérations sous forme de photographies, les différents points de vue sur une même scène, l’utilisation du "cut") apportent rythme et fantaisie à un récit plusieurs fois menacé par un certain ramollissement, principalement dans les scènes entre Ewan Mc Gregor et Mélanie Laurent. Les deux acteurs ne sont pourtant pas en cause : Ewan Mc Gregor est même très juste en fils qui ne parvient pas à faire son deuil. En revanche, dès lors qu’il s’agit du registre romantique, le scénario s’avère plus convenu. On n’échappe pas à la sempiternelle dispute suivie par la non moins inévitable réconciliation, le tout pour des raisons qui restent parfois assez floues.
Contrairement à bien des films, où il faut « tuer » le père pour s’en sortir, Oliver doit donc se remettre de la mort du sien et digérer ce que fut son existence pour pouvoir commencer à vivre lui-même. Débutant absolu, en vie comme en amour, il peut enfin tenter sa chance auprès d’Anna, et, à défaut de savoir comment s'y prendre, s’autoriser au moins à essayer.
MpM
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