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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Amnistie (Amnistia)
/ 2011
06.07.2011
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NO MOOD FOR LOVE
"- Combien de licenciés ?
- Il en reste 70 sur 230."
Les associations d’idées sont parfois surprenantes et tenaces. Bien qu’Amnistie ait tout du film réaliste à portée sociale où deux êtres déçus par leurs conjoints (et par la vie) trouvent l’un auprès de l’autre un réconfort fugace, on ne peut s’empêcher de penser à In the mood for love et à son histoire d’amour pudique et impossible. La comparaison ne tient que dans les grandes lignes, et à condition de mettre sur le compte des différences culturelles la vision nettement moins romantique et flamboyante de Bujar Alimani. Pourtant, elle s’impose à toutes les étapes du film, dans la manière ténue de tisser la relation entre Elsa et Sheptim, et dans les non-dits. C’est là, dans cette histoire d’amour esquissée que le film — exactement comme l’héroïne — puise sa force et son énergie. Elle est la source de légèreté et de douceur dans un scénario par ailleurs aride et souvent brutal.
Le quotidien dépeint par Bujar Alimani est en effet loin d’être rose. Il aurait même plutôt tendance à égrener toutes les réalités de la société albanaise actuelle : le passé communiste, le patriarcat, les bouleversements économiques et sociaux dus à l’ouverture sur l’Europe, la misère omniprésente… Ca fait incontestablement beaucoup pour un seul pays. Malgré tout, Amnistie ne s’engage pas sur le terrain du misérabilisme. Avec ses scènes courtes qui vont droit au but, ses ellipses dignes et ses situations précaires, le film ressemble plus à un documentaire qu’à un mélodrame. Ce qui n’empêche pas l’intrigue d’étouffer méthodiquement tout espoir, jusqu’à aboutir au drame que l’on soupçonnait depuis le début.
En cela, Bujar Alimani fait preuve d’une certaine maladresse (son ultime rebondissement est artificiel). Pour autant, il offre un témoignage puissant sur l’Albanie, cette grande inconnue. Et puis il y a, en arrière fond, cette rencontre amoureuse désespérée qui n’en finit plus de nous trotter dans la tête, et oblige à porter sur le film un regard bienveillant, à défaut d’être pleinement convaincu.
MpM
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