Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 19

 
Il n'est jamais trop tard (Larry Crowne)


USA / 2011

06.07.2011
 



UNE SECONDE CHANCE BACLÉE





«- Les temps sont durs.
- Les temps changent.
»

Il y a une seule chose qui stupéfait avec Larry Crowne : comment Julia Roberts et Tom Hanks ont-ils pu accepter un film aussi banal, prévisible, et classique ? Certes, cette romance n’a rien de désagréable. Œuvre sur le positivisme, il ne peut qu’amener à un happy end optimiste. Mais Tom Hanks, réalisateur (15 ans après son premier film, That Thing You Do !), ne cherche jamais à lui insuffler une énergie, une singularité. S’offrant le beau rôle du good guy (un peu fayot) devant la caméra, sous un déluge de bons sentiments et une absence réelle de cynisme, Hanks oublie, au fil des scènes, de construire une relation cohérente avec sa partenaire.

Julia Roberts souffre d’ailleurs de son statut de star. Dès son arrivée à l’écran, on sait que c’est elle : l’actrice a le droit à un traitement soigné à l’image, elle s’y dévoile par petites touches. Son personnage est tellement à l’écart de tous les autres, telle une diva, se promenant dans sa propre sphère (avec un jeu variant entre l’énigme, la supériorité et les fêlures intériorisées), qu’on ne comprendra jamais, réellement, ce qu’elle trouve à son étudiant, plus âgé qu’elle. Hanks la déifie, utilise tous les atouts de la Julia. Mais en éparpillant son scénario – multiples personnages secondaires attachants – il en oublie l’enjeu principal (l’alchimie amoureuse éventuelle, avec ses hauts et ses bas) et laisse Roberts se débrouiller toute seule : il y a si peu de scènes entre les deux stars, qu’on pourrait crier à l’arnaque. Leur liaison se met en place très tardivement, et ne ponctue qu’épisodiquement la reconstruction du personnage principal.

Au centre de tout le film, Tom Hanks s’offre donc une nouvelle vie. Homme sous l’influence de ses amis, un peu perdu mais voulant s’en sortir, typiquement américain, il est un plouc dans un monde de cadres cyniques ou hypocrites. A l’inverse, les étudiants et professeurs sont idéalisés, même si certains protagonistes auraient mérité davantage de place dans un scénario qui manque cruellement de rebondissements. Hanks a sans doute préféré le conte de fée naïf à la pure comédie romantique…

Pourtant, Larry Crowne convainc surtout pour le portrait de la classe moyenne américaine (avec son endettement, ses licenciements brutaux, sa survie financière, sa solidarité empathique) et la force de l’éducation (ingrédient essentiel pour se battre contre une civilisation déshumanisante, lui-même subissant la dure loi de la rentabilité). Hanks n’a pas su faire le lien entre ses différents thèmes, entre cette envie de renaître, cet hymne à la liberté (le scooter joue les symboles, et à l’inverse le GPS illustre notre aliénation et notre incapacité à trouver son chemin par soi-même), et ce désir d’une société métissée, cosmopolite, sans préjugés.

Trop de bonnes intentions tuées par un script convenu, un montage un peu mou, un ton entre comédie pas assumée (hormis quelques répliques vachardes, souvent dans la bouche des professeurs) et mélo social pas écrit. Si « la vie est une imposture », le film est une tromperie. Il met tant de temps à mettre tous ses éléments en place, digressant trop souvent, qu’on est ébahi par tant de platitudes. Il n’y aurait pas ce casting de stars, on aurait sans doute été moins indulgents face à cette indigence. Heureusement, les cours (économie et expression orale, le troisième étant complètement absent du scénario) donnent du peps et font sourire.

Alors, si la rééducation de Larry Crowne lui (re)donne confiance, on peut espérer que ce nouveau passage derrière la caméra ait le même effet sur Tom Hanks, qui semble ne pas avoir oser faire un film profond et attachant, « smart » et engagé. Et si sa prof n’a pas « le A facile », nous avons la décence de donner un C indulgent.
 
vincy

 
 
 
 

haut