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QUI VA À LA CHASSE ...
"Ce n'est pas le calibre qui fait le chasseur "
La Traque arrive comme une nouvelle tentative de film de genre à la française. car il faut du courage pour se lancer dans une telle aventure en France. Le peu de réalisateurs français qui ont essayé avec réussite doivent s'expatrier à l'international pour continuer dans cette voie, comme Pascal Laugier ou Xavier Gens. Le baromètre de l'excellence est tourné vers le Royaume-Uni qui impose chaque année des œuvres majeures pendant qu'en France les films restent en mode mineurs. Alors que outre-manche on bouillonne devant The Descent, Eden Lake et Isolation, côté français on est refroidis par les Humains, A l'intérieur ou La Meute. On attend encore la relève…
Le réalisateur Antoine Blossier pour son premier film a choisi des chasseurs dans une forêt qui vont devenir les proies d'animaux féroces. Comment l'horreur va survenir dans le quotidien? De ce point de vue La Traque s'en sort sans déshonneur. On découvre
une famille de notables qui gèrent leur usine d'engrais chimiques
: il y a le patriarche et ses deux grands fils et aussi sa petite fille
qui est fiancée avec un jeune médecin, bref un clan. Des biches terrifiées se sont violemment écrasées contre une clôture, et voila les quatre hommes qui partent à la chasse aux sangliers. La forêt et la nuit tombante vont faire des chasseurs les proies des animaux… L'intrigue du film est réduite au minimum, l'histoire s'attache plus aux rapport des personnages entre eux et à ce qu'ils vont devenir face au danger.
Antoine Blossier tenait là un scénario à fort potentiel, il lui restait
à le mettre en image de manière convaincante avec la contrainte
d'un budget évidement très limité. Le résultat est plutôt convaincant. La Traque est loin d'être aussi sauvage qu'il aurait dû être et
compte bien des maladresses, mais l'ensemble fonctionne.
La Traque pourrait presque se diviser en deux parties : le premier tiers du film peut se résumer à une trop longue scène
d'exposition des personnages puis, enfin, la partie de chasse dégénère progressivement. Le début de La Traque fait penser à
un téléfilm-terroir avec ses clichés. Il est tout de même regrettable que presque toutes les informations clés du film (les rivalités de la famille, la cause du dérèglement dans la fôret…) soient livrées trop
tôt, cela limite la progression de l'intrigue. Si les actrices font figures de potiches, les autres comédiens sont bien ancrés dans leurs personnages, à l'exception de François Levantal qu'on a connu plus caméléon et de Grégoire Colin, héros qui peine à s'imposer.
Tout le film laisse montrer le goût de bien faire du réalisateur. On
le devine très cinéphage et La Traque est rempli d'éléments
plus ou moins inspirés de ses classiques. La plupart de ses références
sont habilement ingérées dans son film, mis à part
une scène d'ouverture dans un champs de tournesol vraiment inutile
et mal copiée sur Signes de Night M. Shyamalan. Les principales ficelles du genre sont utilisées, à commencer par la musique
et les bruitages qui crédibilisent pleinement les images. La Traque exploite au mieux le choix (implicitement dicté par le manque de moyens) de montrer moins et faire suggérer plus. On ne voit pas la créature en entier mais juste son museau, ça évite
des effets spéciaux ratés et laisse la place à
l'imagination. Antoine Blossier parvient
avec ses cadrages mobiles qui vont d'un personnages à un autre à
exploiter au mieux la menace qui arrive toujours hors-champs, on ne voit pas vraiment le danger mais plus les réactions des chasseurs qui
sont désormais eux chassés. Un principe vieux comme le cinéma...
Kristofy
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