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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Super 8
USA / 2011
03.08.2011
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FORMAT DE REVE
"- Personne ne me croit…
- Moi, je vous crois."
Quand J.J. Abrams s’attaque au film de genre, il ne faut attendre ni originalité débordante, ni réflexion profonde. En revanche, on peut compter sur lui pour raconter correctement une bonne histoire quand il en tient une. Car ce qui fonctionne dans Super 8, ce n’est pas tant la profusion d’effets spéciaux que l’hommage rendu au cinéma amateur des années 70, pratiqué par des ados inventifs et férus de 7e art dans le fameux format super 8. Un format bien connu par le réalisateur et par son producteur Steven Spielberg, qui ont tous deux fait de petits films en super 8 pendant leur enfance et leur adolescence.
C’est sans doute pourquoi on a bien plus l’impression d’avoir affaire à un "film de potes", nostalgique et parfois autobiographique, qu’à une réelle œuvre de science-fiction. Bien sûr, Abrams et Spielberg puisent dans leur imaginaire fantastique commun en truffant le film de références (évidemment E.T. et Cloverfield, mais aussi District 9) et d’éléments mystérieux. Pourtant, on sent bien que l’enjeu est ailleurs. L’histoire démarre lentement, prenant le temps de présenter les personnages et d’exposer leurs motivations et leurs dissensions. Le film dépeint avec un certain naturalisme les aspects les plus surannés de l’époque. Même le rythme du récit semble emprunté aux années 70.
L’intrigue devient alors accessoire, comme un ultime clin d’œil à ces séries Z tournées à la pelle par les jeunes Spielberg, Abrams et autres. D’ailleurs, le générique final présente un film amateur qui s’avère presque plus amusant, plus rafraichissant et plus réussi que Super 8 lui-même ! Nostalgie, vous avez dit nostalgie ?
Immanquablement, on prend alors un certain plaisir à suivre les mésaventures de cette équipe de tournage potache et débrouillarde. Abrams s’amuse à filmer des gens effrayés par quelque chose qu’on ne voit pas, des ombres qui bougent, des objets qui disparaissent. Tout en suggestion, il invente un climat de plus en plus anxiogène pour les personnages, mais assez peu inquiétant pour le spectateur qui y reconnaît tous les ingrédients du genre. Cette mise en abyme atténue la relative simplicité de l’intrigue (et son dénouement non moins facile) et gomme la frustration, voire la déception, que l’on aurait pu ressentir en découvrant le fin mot de l’histoire.
Au final, Super 8 joue suffisamment habilement de deux jokers de taille pour tirer son épingle du jeu. D’une part, il ne se prend jamais au sérieux, mettant systématiquement l’humour et l’auto-dérision au premier plan. D’autre part, il apporte un soin méticuleux à toutes les scènes d’action (notamment le déraillement du train) grâce à des effets spéciaux extrêmement réalistes. Or, il faut bien l’avouer : la technologie de pointe au service du cinéma "système D", difficile de rêver plus bel hommage aux cinéastes amateurs d’hier, d’aujourd’hui et de demain.
MpM
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