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STRANGER IN A STRANGE LAND
Géniale incursion au royaume des loosers, le film dépeint le périple des frères McCormick, les musiciens les plus déveinards de l'Ouest irlandais. Mêlant fiction et biopic, coïncidences fortuites et vérités farfelues, le film est une vraie réussite.
Prenez un zeste de biopic sur U2, une touche de film de gangster, une bonne louche de comédie, et vous obtiendrez Killing Bono, film autant improbable que l'histoire de ses héros. Neil McCormick d'abord, l'aîné, camarade de classe de Paul David Hewson, avant que celui-ci devienne Bono. Puis Ivan McCormick, le cadet, guitariste doué, mais qu'un mensonge de Neil exclura du futur groupe U2. Quiproquos ubuesques, décors crasseux, voilà nos héros à Londres, histoire de rentrer dans l'Histoire du Rock malgré tout. De déveine en défaites, d'aventures en aventures, les frères vont finir par se déchirer, du fait de la personnalité scoumounarde de Neil...
On saluera particulièrement la qualité de la reconstitution de l'époque : le début des eighties, l'agonie du punk, le conflit anglo-irlandais ; tout ceci grâce aux soins apportés à la bande sonore (notamment quelques extraits du groupe Shook up ! pâle tentative des frères pour échapper à l'emprise de U2) mais aussi grâce aux costumes, qui témoignent des errances de l'époque, et à l'impayable (et défunt) Pete Postlehwaite (le Kobayashi de Usual suspects entre autre), toujours dans un rôle à la mesure de son physique décalé.
Bien sûr, vous n'êtes pas obligés de tout croire ; on le sait bien au pays du Rock, les légendes se forgent dans les demi-vérités et dans le vrais mensonges. Mais qu'importe. Bono lui-même, et le véritable Neil McCormick, dont les mémoires ont inspiré le film, ont souri face à ces approximations séduisantes.
Un vrai bon film donc, sur les lueurs d'une gloire qui s'éloigne aussi vite qu'elle s'approche ; sur les derniers feux d'un rock déjà classique à l'époque, sur les vertus du mensonge et du mythe, lorsqu'il devient planétaire.
Mathilde
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