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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Un jour (One Day)
USA / 2011
24.08.2011
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CETTE ANNÉE-LÀ
"Règle numéro 4 : pas de scrabble"
Un jour, adapté du roman de David Nicholls et mis en scène par Lone Scherfig (le subtil An Education), est un mélo typiquement américain, nappé de crème humoristique anglaise.
Ils se sont connus, ils se sont reconnus, perdus de vue, reperdus de vue, ils se sont retrouvés, il se sont réchauffé, puis... ainsi va le tourbillon de la vie. Un jour est une histoire d’amis, d'amours, à mi-chemin entre 500 Days of Summer pour le défilement chronologique, et Jeux d’enfants, pour l’histoire complexe de deux amis/amants et l’évolution des personnages au fil du temps. On peut y ajouter une excursion du style Voyage à deux et le sirop de N'oublie jamais.
Le film commence en 2006, quelques secondes, une fille à vélo dans les rues de Londres. Cut. Retour aux années 80 (Edimbourgh), après une soirée arrosée pour fêter la fin des examens : une rencontre, le début d’une grande histoire. Sex or not sex, telle est la question. Alors les années s'enchaînent, une par une, mais ne se ressemblent pas. Un jour, le même, le 15 juillet, nous fera retracer la fabuleuse histoire de cette harmonie des contraires pendant 25 ans et quelques coups de pédales à bicylette. Il nous rappelle combien le temps passe vite. Comment il est facile de passer à côté de l'essentiel. Carpe Diem. Amen. Rien ne vraiment neuf. Qu’importe le passé et qu’importe demain, profitons du moment présent, amusons-nous, aimons-nous... Cela correspond au final à ce que veut renvoyer l’histoire.
Le résultat visuel est très beau. la photo de Benoît Delhomme fait des miracles. On se retrouve plongé tout droit dans l’Angleterre des "winners" et des "losers, celle de Thatcher, de Major, et enfin de Blair grâce à des décor réussis et une transformation physique des acteurs soignée. On y croit. On ne quitte pas des yeux cette romance convenue, sans doute grâce à la beauté du couple que forme Anne Hathaway et Jim Sturgess, un Rupert Everett rajeuni.
Car si l’histoire en elle même n'a rien de vraiment extraordinaire, la fraicheur des deux excellents acteurs permet d'amener un certain plaisir, si l'on a gardé son âme romantique. Anne Hathaway, toujours sublime, porte avec grâce son rôle de personnage un peu fille ratée, complexe et vulnérable, qui met tout en oeuvre pour réaliser ses ambitions. Jim Sturgess (Across the Universe, Les chemins de la Libertés...) parvient à atténuer les pires défauts de son personnage, enfant gâté, fils prodigue, attiré par le succès et qui veut profiter de la vie au maximum, au dépend de sa relation avec Emma et avec sa mère. Parfaite alchimie qui donne au film une sincérité qu’il est parfois difficile de retrouver dans d’autres films de ce genre.
Pas de grosses surprises au niveau de l’intrigue. Romanesque (Paris...), drôle (et même sarcastique), on ne cherche pas à nous cacher les choses évidentes pour créer du faux suspense. Il n'y aura que la scène percutante vers la fin du film qui nous réveillera de la douce promenade bucolique qui nous était proposée. C'est appréciable. La structure narrative est composée simplement de deux courbes qui se croisent progressivement. Les "winners" et les "losers" échangent leurs places. Morale. L’histoire n’en devient pas plate pour autant. Quelques personnages secondaires donnent un relief à l'ensemble. Souvent ils accentuent l'aspect pathétique de vies peu étincelantes. Car dans mélo il y a drame. Et les drames, le film n'en manque pas.
Selon le philosophe grec Aristote, le dénouement de l’intrigue se fait par “catastrophe” lorsque la situation des personnages, heureuse, devient malheureuse par l’action d’un fait brutal et violent. On pourra regretter le choix de la fin, qui laisse un goût trop sucré, alors que tout n'était qu'amertume. La “vraie” fin aurait du nous laisser stupéfait. Mais le film, honnête, bien produit, a préféré un épilogue plus formaté, et finalement plus irréel, ôtant la tension pour guérir quelques plaises, s'empêchant d'être un choc.
Car tout est ciblé. Cette histoire d'A où les deux protagonistes ne sont jamais raccord pour être en accord est clairement dédié aux femmes : il suffit de voir le nombre d'hommes sexys à moitié nu qui défilent... Les femmes sont lucides et émancipées. Sans elles, les hommes ne sont que des veufs aigris en pyjamas regardant la télévision...
Mais comme nous le rappelle Alfred de Musset, “On ne badine pas avec l’amour". Et ici l'amour a surtout patiné...
antoine
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