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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Blackthorn
USA / 2011
31.08.2011
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REQUIEM POUR UN KID
La légende dit que le bandit Butch Cassidy est mort depuis une vingtaine d’années, mais c’est une autre histoire qui se raconte : il vit des jours paisibles en Bolivie sous le nom de James Blackthorn. Cassidy / Blackthorn est maintenant un vieil homme qui voit s’approcher la fin de sa vie, et il prend la décision de revenir aux Etats-Unis pour rencontrer un fils qu’il n’a jamais connu. Ce voyage prévisible qui va se révéler plein d’imprévus…
Le film nous fait accompagner un vieil homme dans un périple crépusculaire qui synthétise le parcours d’une vie. Butch Cassidy et le Kid forment dans l’imaginaire un duo de voleurs, c’est cette curieuse relation faite à la fois de complicité et de rivalité qui est au cœur de Blackthorn. Les premières séquences alternent un bonheur simple en pleine Amérique andine tout en nous suggérant qu’il s’agit là d’une retraite après une vie tumultueuse bien plus au nord. L’homme qui se fait appeler Blackthorn a le visage buriné et les yeux perçants, l’acteur Sam Shepard incarne à merveille cette force tranquille parfois troublée par son passé. Le personnage dégage comme l’impression qu’il a fait du chemin mais qu’il lui reste encore un peu à cheminer. Pour lui il y a deux moments importants dans la vie d’un homme : quand il part de chez lui, et quand il revient. Puisque Cassidy est mort et presque oublié pour la plupart des gens alors Blackthorn veut quitter son exil bolivien pour aller faire connaissance avec un supposé fils resté au pays. Ainsi sous son nom d’emprunt de James Blackthorn il va retirer ses économies au guichet d’une banque alors quand dans le passé Butch Cassidy avait volé une banque, une situation ironique qui marque un des thèmes du film : le passage du temps. L’époque de Cassidy semble révolue.
On peut voir Blackthorn comme un western - requiem, avec un personnage âgé attaché à sa vision de l’honneur qui est confronté à une génération plus jeune qui ne partage pas toutes ses valeurs. James Blackthorn va se faire voler toute ses économies et son cheval par un jeune espagnol, Edourdo Apocada. Celui-ci n’est pas un bandit comme les autres, il avait une bonne position en travaillant pour le compte d’une mine avant qu’il n'en subtilise l’argent. Il est en fuite avec un magot de plusieurs milliers de dollars, avec la mort aux trousses. Blackthorn lui impose de lui donner la moitié de cet énorme butin en échange de son aide pour ne pas se faire capturer. Cette confrontation pleine de rivalité entre associés va progressivement se muer en une relation d’amitié fragile entre deux fuyards…
Le réalisateur Mateo Gil met en scène un film qui reprend certains codes du western pour raconter une belle aventure humaine. Il avait déjà été auparavant scénariste du magnifique Mar Adentro (Oscar du meilleur film étranger en 2005) , de Tesis et Ouvre les yeux, trois films d'Alejandro Amenabar. Cette rencontre entre un ex-bandit au seuil de sa vie et un autre bandit bien plus jeune est l’occasion de confronter leurs deux générations, et plus encore deux époques. Le film va alterner en flashback le présent de Blackthorn avec son passé de Cassidy en compagnie de ses anciens complices. Le vieillard va retrouver en quelque sorte un peu de sa jeunesse d’antan et reprendre goût à la vie de hors-la-loi avec cette nouvelle aventure en compagnie de ce jeune Apocada. Cette dernière chevauchée de Butch Cassidy au cinéma est tout autant introspective que majestueuse.
Kristofy
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