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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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La grotte des rêves perdus (Cave Of Forgotten Dreams)
Allemagne / 2011
31.08.2011
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VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE
Le dernier Werner Herzog est un documentaire. Ce qui n’est pas, à proprement parler, une surprise puisque le cinéaste allemand est déjà l’auteur d’une bonne trentaine de films documentaires (tout format confondu). Mais celui-ci revêt un caractère unique proche du méta-documentaire où la 3D compose enfin un mode de représentation idéale pour mettre en lumière l’incroyable voyage proposé par le réalisateur d’Aguirre. La plongée est visuelle, certes, mais également spirituelle, intellectuelle, sensorielle. Elle nous saisit dans un éblouissement simple dont la puissance évocatrice est sans égale. La rencontre est symbolique ; elle s’avère sacralisée quand l’Homme moderne se retrouve en face de ses ancêtres par l’entremise de peintures rupestres les plus anciennes jamais découvertes. La grotte des rêves perdus est un fabuleux voyage de plus de 30 000 ans ou pas moins de 400 représentations d’animaux s’animent devant nos yeux d’enfants impressionnés par ce lieu sanctuaire sauvegardé de toute exploitation humaine.
Découverte en 1994 par Jean-Marie Chauvet (la grotte porte son nom), Eliette Brunel et Christian Hillaire, la grotte Chauvet contient à ce jour la plus importante collection de représentations rupestres de l’art pariétal. La plus ancienne également avec une datation au carbone 14 qui situe ces gravures sur paroi aux environs de 34 000 ans. Soit deux fois plus anciennes que celles de Lascaux. Gardée en l’état depuis 20 000 ans à la suite d’un éboulement, le sol est jonché d’ossements d’animaux (ours des cavernes pour la plupart) et les peintures sont dans un niveau de conservation tout simplement incroyable. On comprend mieux l’interdiction de l’Etat français, à l’exception de quelques scientifiques, d’ouvrir l’antre patrimoine au public. Néanmoins et pour un euro symbolique, le ministère de la culture a autorisé Werner Herzog à filmer en équipe réduite les œuvres de la grotte de Chauvet.
Depuis sa tendre enfance Herzog est un passionné des peintures rupestres. A tel point qu’il avoue que son éveil spirituel et intellectuel s’est fait grâce à la découverte de l’art pariétal. Cet amour pour l’acte créatif originel est ici parfaitement retranscris par un cinéaste sachant dompter les contraintes d’un lieu fascinant car tout autant coupé du monde que lui appartenant totalement. Herzog joue avec sa lumière artificielle, les formes des parois, le silence environnant et l’intervention du narrateur (un certain Volker Schlöndorff tout de même) pour donner sens à la grotte. Sa caméra glisse sur les traits des dessins de lions, de mammouths, de rhinocéros, de chevaux ou de bisons. Avec sa 3D, il immerge le spectateur en lui donnant possession d’un lieu à jamais interdit. Au-delà du volume recréé, il redonne vie à nos ancêtres artistes maîtrisant déjà l’art de la perspective, du volume, du type de tracés, de la préparation des parois. En somme il nous ouvre les portes de l’histoire des hommes dans une authenticité quasi parfaite. D’où le caractère unique de ce documentaire.
Utilisée à bon escient la 3D se révèle être un procédé judicieux au service d’une démarche artistique exclusive. L’aventure de cette grotte des rêves perdus est une expérience initiatique rare qui entre directement en résonnance avec la beauté des représentations qui s’y dévoilent.
geoffroy
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