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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Identité secrète (Abduction)
USA / 2011
28.09.2011
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LA VIOLENCE DANS LA PEAU
« - Je suis le champion des faux papiers.
- Tu sais quoi, mets ça dans ton dossier de fac.»
Jason Bourne fait des émules. A moins que ce ne soit Mr & Mrs Smith. Entre théorie du complot et double identité, Abduction reprend les ingrédients d’un thriller paranoïaque où la traque d’un fugitif innocente (principe vieux comme le cinéma d’action) tient lieu de fil conducteur.
Ce n’est jamais désagréable comme divertissement. Il suffit de garder le rythme. Est-ce que Abduction se détache de ses références ? Loin de là : le film est plutôt mineur dans le genre, sans être raté (ce qui n’est déjà pas si mal). Sa banalité tient évidemment aux ressors du scénario maintes fois vus. Sans rebondissement surprenant, le thriller repose sur une mécanique éprouvée, efficace, alternant ses scènes d’action avec des pauses plus explicatives. La mise en scène de John Singleton ne réinvente rien, empruntant plutôt à des films passés comme Mission Impossible ou Ennemi d’Etat. Il ne nous épargne pas la musique qui nous permet d’anticiper ce qui va survenir voire de bien appuyer l’image en soulignant qu’un tel est en colère ou que le moment est venu pour faire baisser l’adrénaline.
L’autre faiblesse provient de l’absence de profondeur des personnages. Adolescents américains quelconques, en pleine bluette digne d’un sitcom pour collégiens, les jeunes ne dégagent aucune personnalité. Cette absence de relief au niveau des caractères laisse le film en surface sans jamais plonger dans une noirceur ou s’envoler vers un pur délire cinétique où la poursuite devient l’héroïne en soi.
A force d’engager de grands acteurs pour incarner les adultes, sans doute pour donner une caution au film, et de donner les rôles principaux à des ados qui ne savent pas vraiment jouer les nuances, le spectateur ne parvient pas à accrocher aux tourments de ces derniers. Le film manque même de dérision (à une exception prêt lors d’une bagarre. Certes on peut entrevoir les abdos parfaits de Taylor Lautner dans la scène d’ouverture, sa chute de reins quelques minutes plus tard, mais on évite soigneusement que son désir pour sa dulcinée aille au delà d’un fougueux baiser (même si leurs hormones semblent s’affoler). « Je sais y faire maintenant » se vante-t-il. On aurait aimé en juger par nous-mêmes. Mais les producteurs peuvent lui faire prendre tous les coups, il ne semble pas assez grand pour tirer son coup. Lautner a du mal à exprimer autre chose que deux ou trois nuances d’émotions. Quand il bouillonne de l’intérieur, on croit même qu’il va se transformer en loup-garou de Twilight.
Pourtant il y avait matière à aller ailleurs : la destruction du Home Sweet Home, la perte de repères complet pour un ado, la découverte de sa véritable identité permettaient un spectacle autrement plus complexe. Ici, même après une baston, il n’y a pas d’ecchymoses. Alors les bleus à l’âme il ne fallait pas y songer.
On peut du coup prendre sa avec philosophie et se dire qu’un samedi soir, ça fera l’affaire. Et si finalement c’était un thriller paranoïaque, au second degré, on peut s’amuser de ce mix sitcom/action avec un Taylor Lautner qui devra apprendre à froncer les sourcils maintenant qu’il a appris à faire de belles cascades.
vincy
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