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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Le Skylab
France / 2011
05.10.2011
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MAMMY NOSTALGIE
« J’en ai marre qu’on me mette à la table des mioches à 17 ans.»
La menace d’un satellite qui va tomber sur leurs têtes n’est rien comparée à la torpeur dans laquelle nous plonge ce week-end familial. Dans le registre, on est cependant plus proche de 15 août que de Conte de Noël.
Julie Delpy a sans doute oublié qu’une chronique, aussi personnelle soit-elle, doit être portée par une dramatisation, des émotions, du rythme pour éviter une forme de narcissisme, pour se muer en quelque chose d’universel.
Mais voilà : il ne se passe rien. Il n’y a aucun but. Juste une tranche de vie qui ne transcende pas la réalité, malgré un gros effort de réalisme. Quand on débarque dans cette famille, on espère des crises, des clashs, des fulgurances. Et c’est la somnolence qui nous emporte. Même la mamie, cœur de la tribu, est vite laissée de côté, malgré l’hommage que le film veut lui rendre.
Dans ce bordel familial, ceci dit très bien joué par la troupe malgré quelques inégalités de traitement qui en laisse certains dans l’ombre et d’autres occupant trop de scènes, on s’intéresse plus à la reconstitution des années 70 qu’aux répliques et situations très banales.
Delpy parvient parfaitement à nous faire croire au flash-back.A l’époque, six heures de train de Paris à Saint-Malo était considéré comme un exploit, les 2CV étaient vertes, les slips de bains moule-burnes, Jospin jeune à la télé, les shorts très courts et on chantait du Joe Dassin. La balade des gens heureux sonnent hélas creux. Le bonheur ça ne fait pas un bon film.
Le scénario peut cependant se sauver du désastre annoncé grâce à quelques personnages : le couple Elmosnino/Delpy en artistes intellos anarchistes qui font mater Apocalypse Now et Le tambour à leur gamine, Vincent Lacoste en ado dragueur et revêche ; et puis il y a des dialogues bien écrits, une scène de repas (une engueulade politique légèrement trop caricaturale). Mais Delpy gâche ces bonnes scènes par d’autres trop étirées (le tour de chant après le repas), inutiles (l’histoire pour les enfants sous la tente).
Cette famille de droite, colonialiste, proche du FN, doit affronter quelques gauchistes, féministes, à deux ans de la victoire de Mitterrand. C’est bien la fin d’une époque, mais on ne le ressent pas. Tout comme la folie que l’on devine avorte rapidement pour se transformer en chaos sans intérêt. Les enfants auraient pu suffire tant la vie des adultes semble moins passionnante.
Finalement, comme le Skylab qui s’éparpillera à des milliers de kilomètres, le film loupe ses objectifs. La hantise d’une catastrophe devient la nostalgie d’une époque. Et, à l’instar des programmes TV des années 70 ou des trains de la SNCF, tout paraît lent et interminable.
vincy
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