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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Another Earth
USA / 2011
12.10.2011
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MONDE PARALLÈLE
La fin du monde est un thème porteur à l'approche de décembre 2012, fin de notre planète selon les Mayas (en fait, pas tout à fait, mais ça inspire). Melancholia de Lars Von Trier, Take Shelter de Jeff Nichols, 4:44 last day on Earth d'Abel Ferrara annoncent la menace d’une destruction de notre planète quand d’autres font déjà état d’une invasion dévastatrice (comme World Invasion : Battle Los Angeles) quand ce n’est pas un virus qui anéantit l’humanité (comme Contagion de Steven Soderbergh). Dans ce contexte d’apocalypse, le film Another Earth fait figure de curiosité bienvenue : on découvre une nouvelle planète qui serait identique à notre Terre. Cette possibilité d’un autre monde semblable au notre peut permettre bien des extrapolations…
Au moment où nous découvrons cette autre planète, une jeune étudiante promise à un bel avenir provoque un accident de la route mortel : dans le véhicule percuté, un homme va perdre sa femme et son enfant. Quatre ans plus tard cette ex-étudiante est une jeune femme qui sort de prison avec cette culpabilité d’avoir tué une famille. Il apparaît désormais que la nouvelle planète serait pareille à la nôtre et on la baptise Terre 2…
Cette planète Terre 2 bouscule la perception du fait qu’on n’est plus le centre du monde. Plus que de son propre sort, l’héroïne va se préoccuper de celui de l’homme victime de son accident. Elle va alors aller à sa rencontre et se rapprocher de lui tout en cachant qui elle est vraiment… Another Earth s’intéresse presque exclusivement à cette relation entre la jeune femme repentante et l’homme dont elle a ruiné le bonheur. Cette autre planète est considérée comme une autre Terre où une meilleure vie pourrait être possible. Et si sur Terre 2 il n’y avait pas eu cet accident ?
L’origine de Another Earth vient des talents conjugués de Mike Cahill - réalisateur et co-scénariste - et de Brit Marling - co-scénariste et actrice. Si le film a réussi à créer la surprise au festival de Sundance (un prix et dans la foulée une distribution internationale), il est apparu comme mineur lors du dernier festival américain de Deauville. Avec peu de personnages (et même peu de dialogues) et peu d’éclats (et même peu de rythme), il ne peut compter que sur la forte présence à l’image de Brit Marling, brillante. On a un peu l’impression que le duo a écrit une belle histoire en lui réservant le grand rôle, alors qu’il aurait sans doute été préférable qu’elle ait un beau rôle dans une grande histoire. Ou peut-être que Mike Cahill n’a pas réussi à élever ce film au niveau de l’ambition qu’il aurait mérité. Ici le prétexte fantastique d’une autre Terre qui serait comme une réplique de la nôtre apparaît comme une hypothèse intrigante qui, ici, laisse vite la place à une métaphysique de comptoir : dans un autre monde parallèle on serait plus heureux… Avec cette Terre 2 en miroir de la nôtre on confesse ses pêchés pour retrouver la paix. Les perspectives soulevées par l’apparition d’une seconde Terre où il y aurait un double de soi sont à peine effleurées : le film suit le chemin balisée d’un drame classique avec culpabilité et pardon.
Cette manifestation de l’infiniment grand conduit aux tergiversations de l’infiniment petit : l’être humain. Certains spectateurs resteront insensibles à cette exo-Terre, mais il n’est pas insensé que les déçus du Tree of life de Terrence Malick trouveront ce film Another Earth bien plus étourdissant.
Kristofy
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