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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The Thing
USA / 2011
12.10.2011
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LA CHOSE INUTILE
John Carpenter, ce nom est une légende : depuis plusieurs années les studios lui ont retiré leur confiance pour lui confier un budget digne de ses envies alors qu’il a commencé sa carrière de cinéaste en gagnant un Oscar à ses débuts avec un court-métrage. Pendant plus d’une décennie ce passionné de westerns va réaliser plusieurs films qui allaient devenir des classiques cultes : Assault sur le central 13, Fog, The Thing, Christine, Halloween, The Thing, Christine… La tentation opportuniste est grande d’exploiter certains films un peu datés pour en faire un remake aux goûts du jour. Le cas de John Carpenter est particulier car la plupart de ses films les plus connus ont été remakés : Fog par Rupert Wainwright, Assault sur le central 13 par Jean-François Richet, Halloween par Rob Zombie… et c’est maintenant le cas de The Thing.
Inutile de s’offusquer d’un quelconque sacrilège, John Carpenter lui-même est coutumier du remake ; par exemple Le Village des damnés est librement inspiré de Rio Bravo de Howard Hawks, Assault et son The Thing de 1982 découlent d’une production du même Howard Hawks de 1951 en noir et blanc (adapté du roman Who goes there? de John W. Campbell Jr). Et en 2011 voici un nouveau The Thing réalisé maintenant par Matthijs van Heijningen...
Cette nouvelle version apparaît d’abord comme une bonne idée, ce film synthétise en fait à la fois l’œuvre culte de Carpenter et aussi celle de Hawks. En guise de remake ce nouveau film de Matthijs van Heijningen préfère se présenter comme une préquel. The Thing 2011 nous raconte une histoire qui se déroule en 1982 qui serait le début des événements racontés par The Thing de Carpenter. On découvre une jeune paléontologue qui est appelée à venir en Antarctique pour aider des scientifiques norvégiens qui ont fait une découverte dans la glace : « Il y a une structure… et un spécimen ».
On apprécie dans ce film que le personnage principal soit une femme bien que Mary Elizabeth Winstead ne soit à priori pas la candidate idéale pour ce rôle. Le début du film laisse augurer le meilleur mais au fur et à mesure force est de remarquer quantités de défauts qui lui nuisent. On peut passer sur une ellipse où la créature enfermée dans la banquise, se révèle dans un bloc de glace sans même comprendre la méthode d'extraction (dans la version en noir et blanc de 1951 il y a une courte séquence autour de cet épisode). Toute l’ambition du film s’affiche avec le slogan "découvrez les origines du mythe", mais la créature (et son vaisseau encore plus) est un peu trop différente à la fois dans son aspect et aussi dans son fonctionnement. Il devient alors de plus en plus difficile de croire qu’il s’agit d’un prélude au film de Carpenter. C’est malheureusement plutôt un remake qui souffre de son confortable budget : plus de gigantisme, plus de trucages numériques, plus de sensations fortes… au détriment de l’histoire. The Thing tel qu’on le connaît (celui de Carpenter et celui de Hawks) fait monter une paranoïa collective derrière laquelle se joue une bataille entre deux espèces (les humains en lutte contre l’extraterrestre). The Thing nouvelle version délaisse cette tension permanente pour finalement devenir plus basiquement une chasse au lance-flamme contre un monstre.
L’essence même du film de John Carpenter était la contamination, alors que celui de Matthijs van Heijningen ne va que dans le sens de la destruction. Un appauvrissement regrettable...
Kristofy
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