Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Oxygène (Adem)


Belgique / 2010

12.10.2011
 



A BOUT DE SOUFFLE

Le livre Bye Bye Bahia



"Je vais devenir comme toi, une plante en attente de poumons."

Malgré son sujet a priori lourd et plombant, Oxygène est moins un film sur la maladie que sur la manière dont les malades, contraints de passer de longs séjours à l’hôpital, s’organisent naturellement en une sorte de micro-société parallèle. Hans van Nuffel observe en effet avec empathie mais distance ce milieu qui est plus souvent un objet de fantasmes et de peurs qu’un véritable sujet d’étude. Ce regard extérieur, presque documentaire, donne au film un ton réaliste auquel s’entremêle plutôt habilement le romanesque de la fiction.

On découvre ainsi un service pulmonaire où se croisent les patients, leur famille, et un personnel médical parfois impuissant. L’ombre de la mort y plane certes plus qu’ailleurs, mais les malades se la sont tant appropriée qu’elle devient sujet de plaisanterie, et même de rivalité. Même chose pour la lente dégradation du corps et ses indicateurs chiffrés qui servent de référence aux protagonistes pour se situer les uns par rapport aux autres. Les deux personnages principaux, Tom et Xavier, semblent ainsi faire de leur maladie un atout, une sorte de passe-droit qui leur permet d’appartenir à un club extrêmement select, et même cool. Hors du monde extérieur, comme protégés par ce cocon hospitalier dont ils connaissent toutes les ficelles, ils ont l’impression de garder la maîtrise sur leur existence, et sur le destin qui les attend.

Mais Oxygène est aussi un récit initiatique plein de zones d’ombre et d’ellipses qui donnent une vision parcellaire de Tom, surtout perçu par le prisme de sa condition médicale. Le réalisateur se contente ainsi de suggérer, par petites touches, la personnalité complexe du jeune homme, et le poids de la maladie sur cette personnalité. Non que Tom s’apitoie sur son sort, bien au contraire, mais parce l’on sent dans chacune de ses décisions l’urgence de celui à qui le temps fait défaut. Il a beau faire de son mieux pour mener une vie normale, la vision qu’il a du monde, elle, est entièrement façonnée par la perspective d’une mort prématurée.

Pour autant, le film n’est ni triste, ni même pessimiste. Quitte à perdre en réalisme en édulcorant les effets physiques de la mucoviscidose, Hans van Nuffel gomme au maximum les élans mélodramatiques inhérents au sujet du film. Mieux, il ne réintroduit l’émotion dans son récit que lorsque son personnage lui-même accepte de la réintroduire dans sa vie. A croire que le film devait absolument épouser le parcours de son personnage en s’essoufflant comme lui en bout de parcours, avant de jouer un dernier petit tour au spectateur. Ce mimétisme n’empêche pas quelques passages à haute teneur lacrymale dans la deuxième partie, moins réussie, mais il apporte aussi au film un petit supplément de charme qui fait oublier ses maladresses.
 
MpM

 
 
 
 

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