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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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On ne choisit pas sa famille
France / 2011
09.11.2011
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ASIE MUTÉE
«- Elle est rentrée dans un éléphant avec un tuk-tuk. La police lui a retiré ses points sur le permis.»
On peut reconnaître à Christian Clavier deux audaces : l’une tient à son sujet, l’adoption homoparentale, qu’il promeut, et l’autre est illustrée par un couple adoptant, deux lesbiennes, qu’il valorise.
On peut aussi lui reprocher de ne pas être sorti de son environnement chic Neuilly-Auteuil-Passy et d’avoir reformé, sans vraiment parvenir à ses fins, le duo Réno-Clavier, qui ne fait que reproduire la caricature de leurs aventures passées (Opération Corned-Beef, Les Visiteurs….).
Cela donne un ensemble inégal. Un comédie pas ratée, plutôt drôle, mais insatisfaisante. Paradoxalement, Clavier a été davantage inspiré par le couple « étranger » à son univers : deux femmes, amoureuses, belles, épanouies, vivant pleinement leur amour. Les personnages de Muriel Robin et Hélène Noguerra sont mieux écrits, et surtout Robin hérite des meilleures situations comiques et des répliques les plus percutantes. Elle fait clairement le show, écrasant un Réno pataud et sans attrait, ou un Clavier qui fait du Clavier et sert la soupe habituelle. Il ne se rend d’ailleurs pas service avec un gag – conducteur sur sa couleur de cheveux. Il en aurait fallu plusieurs pour enclencher une dynamique comique.
Mais, aux côtés de Robin, leurs humours respectifs font quelques étincelles. La bobo et le beauf, expédiés en Thaïlande, nous ramènent au modèle Depardieu/Richard dans La Chèvre (au Mexique), un zeste de génie scénaristique en moins. Certes il n’est pas Pierre Richard mais Clavier en boulet, cela suffirait presque si Réno ne se rajoutait pas dans le jeu de quilles. On le voit bien dans l’une des scènes cocasses du film, celle du restaurant de Bangkok, où les Clavier-Robin font le spectacle alors que Réno plombe tout avec ses impulsions réacs. Il n’y a bien que dans les quelques scènes d’action où l’acteur de Wasabi se trouve en terrain familier.
Ainsi les moments les plus absurdes sont souvent mis à plats par une absence de surenchère à la Blake Edwards ou de rythme, façon Francis Veber. Il y avait matière à déchaîner, empirer les gags, piéger davantage leur "Very Bad Trip". L’enchaînement des petites catastrophes atterrit souvent sur des faux plats.
Le manque d’originalité des idées est heureusement compensé par le message global du film : l’homosexualité des héroïnes est magnifiée, leur désir d’adoption et leur responsabilité parentale n’est jamais critiquée, mais au contraire considérée comme normal, la vision de la famille est progressiste et attachante. Avec, au final, une morale étonnante : les hommes n’en sortent pas grandis, pour ne pas dire qu’ils sont soumis et impuissants (et même inutiles).
Ne serait-ce que pour ça, le film de Clavier étonne.
vincy
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