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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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La femme du Vème (The Woman in the Fifth)
France / 2011
16.09.2011
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MYSTERIOUS MAN
«- Tu n’es pas normal. »
Pawel Pawlikowski a sans doute été trop ambitieux de vouloir intégrer un polar de Douglas Kennedy dans son univers, en essayant de respecter deux codes, le thriller et le métaphysique, antagonistes.
On est rapidement aussi paumé que le personnage principal. De l’atmosphère inquiétante (son métier, son amante, son passé), un peu intrigante, nous arrivons vite dans un brouillard confus pour finir le nez dans le mur.
Ethan Hawke campe un homme énigmatique. On le sait violent, il est peut-être fou, il semble dépressif, il inquiète autant qu’il touche. On ne saura pas grand chose de lui. Il est flou, comme la focale qui ne fait pas le point sur l’homme, qui ne précise pas l’environnement. Tout est brumeux.
Comme dans L’homme qui voulait vivre sa vie, d’après un autre roman de Kennedy, le héros se voit catapulter dans un univers étranger, où il repart à zéro.
Entre fantasmes dans les beaux quartiers (celui de retrouver son rôle de père, celui de vivre une histoire passionnelle irréelle) et vie misérable, démuni complètement (hormis cette girafe en peluche, belle image), dans les faubourgs louches de la capitale, c’est l’Homme qui voit sa vie changer. Ou sa folie l’envahir.
Mais le cinéaste noie tout cela dans une déferlante d’onirisme et d’imaginaires parallèles. Film de voyeur (le père et sa fille, sa caméra de surveillance), de « fantasmeur » (l’écrivain et sa muse), d’étranger (l’américain et la polonaise, l’américain et l’hongroise), de conteur (l’évasion dans la forêt et la nature quand il écrit pour s’évader de son bunker physique et de sa prison mentale), il ne parvient pas forcément à maintenir l’équilibre entre tous ces paramètres. On est davantage séduit par sa rencontre ténébreuse avec la femme du Ve étage, diablesse tentatrice exquise, finalement assez anecdotique, mais esthétiquement et cinématographiquement plus intéressante que tout le reste. Mais on ne comprend pas les baisses de rythmes entre certaines séquences.
Hésitations qui relâchent la tension et ne nous permettent pas d’être captivés par un histoire qui aurait pu être sanglante ou tragique, romantique ou suicidaire. Sa rage qu’il freine, sa liaison avec une femme fatale, sa vie dans un hôtel miteux aux rencontres improbables nous intéressent plus que ses digressions allégoriques : insectes en tout genre, étranges pratiques saignantes dans le bunker, ….
Et si « le malheur est un bon stimulant », sa souffrance ne nous stimule jamais. La tension a beau monté, l’étau se resserré, le mystère s’épaissir, tout retombera à plat. Si ce n’était qu’un (mauvais) rêve, il est raté. S’il s’agit du portrait d’un homme malade, il est maladroit.
A force de ne livrer aucune explication, de nous laisser dans l’interprétation, le film n’est qu’un mirage dont on ressort plus anesthésié que bousculé. Il est étonnant qu’un film rempli d’ardeurs (charnelles, pulsionnelles, paternelles) laisse le spectateur aussi froid.
vincy
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