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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Agents Secrets
/ 2003
31.03.04
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JEUX D’ESPIONS EN EAUX TROUBLES : TOUCHE, COULE, ETC
« - Comment tu te sens ?
- Vide. Très vide ! »
Ca démarre comme un vrai film d’espionnage. Tout y est. Puis le film bât en retraite, reste sur les acquis de son ouverture et tombe dans un genre composite. Dispersion et prévisibilité deviennent très vite les mots d’ordre. Fond de toile, les vingt premières minutes passées : les seuls fantasmes qu’inspire l’univers des agents secrets ; ces fameux jeux d’espions, personnages à la fois auteurs et victimes de mensonges, trahison, pièges, manipulations, en proie aux variations identitaires, donc à la solitude ; à fortiori puisqu’ils sont hermétiquement isolés dans un monde régi par la violence et invariablement confrontés au danger. Problème : absolument tout ici gravite autour de ces images fantasmagoriques sans les dépasser. Frédéric Schoendoerffer mise l’intégralité de son film dessus, en oubliant l’essentiel : l’identification aux personnages (ne serait-ce qu’un minimum de proximité), et donc le maintient d’un certain suspense.
Liste non exhaustive, histoire de donner un bref aperçu : chronique d’une héroïne désabusée, tourmentée dans sa vie personnelle, victime d’un chantage machiavélique côté professionnel, donc inévitablement menacée de mort. Idem pour son co-équipier, les problèmes personnels en moins. Pour ce qui est du personnage que joue Charles Berling, celui-ci est tout simplement assassiné par une bande de mercenaires dans les cinq premières minutes ! Il nous semblait pourtant que le comédien apparaissait en tête d’affiche… Quant aux clichés du genre, le film nous en offre un bel échantillon : explosions calculées, gadgets high-tech, microfilm ingéré, hommes grenouilles et autres nettoyeurs. Force est de constater quelques abus, que l’on nous donne à consommer sans modération et qui, finalement, ne font qu’accentuer la dispersion du récit.
Difficile en effet d’adhérer à cette histoire bancale : à l’image de ses protagonistes en conversion le film semble lui-même hésiter et se balance d’une idée à l’autre. Actions musclées ? Scandale politique ? Espionnage ? Fresque dramatique ? Chronique existentialiste ? A force de surenchères, on cherche l’issue. Le scénario s’en tire par une fin ouverte, fade et plutôt dérisoire. Limite tranche de vie ordinaire… Cherchez l’erreur !
Pour ainsi dire, Agents secrets ne fonctionne que par deux vecteurs : la mise en scène de Schoendoerffer parfaitement orchestrée, assurément de genre, et son casting. Narrativité visuelle, jeux sur les silences et non-dits qui prennent le spectateur à témoin, montage dynamique, très cut, hyper rythmant, renforcé par une étonnante richesse de mouvements de caméra, d’éclairages et contrastes chromatiques. Sans oublier les décors et illustrations musicales. Agents Secrets n’est que sa deuxième mise en scène mais, en la matière, on peut déjà assurer que Frédéric Schoendoerffer mérite sa place dans la cour des grands. Un bon point pour le réalisateur. Mais aussi pour le producteur Eric Névé. Rappelons que c’est lui qui est l’instigateur de cette nouvelle réunion de Vincent Cassel et Monica Bellucci. Les deux comédiens se donnent ici à fond, individuellement comme en binôme. Cassel et Bellucci en duo : l’alchimie de leurs face-à-face n’est plus aujourd’hui à démontrer. Agents secrets puise dans cet aura et y trouve une bonne dose de légitimité. Un procédé à double tranchant puisqu’il repose principalement sur des bénéfices antérieurs, indissociables de la filmographie commune des deux comédiens. Le résultat est donc inégal suivant l’évolution de l’intrigue : séquences après séquences, tout est fonction du degré de crédibilité qui se dégage. Mais où est donc passé le travail documentaire sur lequel les co-scénaristes affirment s’être appuyés ? Le film divertit mais, au final, on reste partagé entre les évidentes performances esthétiques et les carences du scénario. Etroitement calibré et trop compartimenté, Agents secrets nous laisse sur notre faim. Sabrina
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