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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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L'art d'aimer
France / 2011
23.11.2011
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FAITES-VOUS PLAISIR
"S’il couche avec toi pour te faire du bien, non seulement je ne serai pas jalouse, mais je serai fière de lui."
Emmanuel Mouret continue son exploration minutieuse, et souvent facétieuse, de nos travers sentimentaux. Cette fois, sous la forme d’un film à sketches qui n’est pas sans évoquer les recueils de nouvelles thématiques où personnages et situations se répondent comme en écho d’un chapitre à l’autre. Comme toujours chez le cinéaste, les relations amoureuses semblent occuper la majorité du temps et des pensées des protagonistes. A travers eux, ce sont nos élans, nos retenues et nos répulsions que le cinéaste s’amuse à décortiquer, opposant non sans malice nos fantasmes de liberté amoureuse avec une réalité souvent moins généreuse.
C’est cocasse et bien écrit, voire bien vu lorsqu’il s’agit de placer chacun face à ses contradictions et ses mesquineries. Une jeune femme veut ainsi se montrer plus généreuse, mais seulement dans une certaine mesure. Une autre cherche une aventure, mais refuse de se laisser aller. Une troisième se contraint à une ouverture d’esprit qui la fait souffrir… Le narrateur, qui intervient en voix-off, ainsi que le chapitrage sous forme de maximes, renforcent l’ironie de ces situations qui tournent systématiquement dans une direction totalement différente de celle souhaitée par les personnages.
Mais malgré la modernité du propos (échangisme et libertinage sont au rendez-vous), un certain idéal romantique n’est jamais loin, et l’on pourrait trouver le film trop sage, voire moral. Car Emmanuel Mouret oriente toutes les histoires dans le même sens, celui d’une absence d’audace qui finit par sembler d’un autre temps. A trop privilégier la légèreté et le retournement de situation, il prive son film d’une dose de profondeur, ou tout simplement de réalisme. Et surtout, il finit par donner l'impression de se répéter...
Or, on l’avait connu si mordant, brillant et burlesque par le passé (inoubliable Changement d’adresse) que le retrouver dans un exercice de style aussi stéréotypé et, presque simpliste, laisse un vrai sentiment de frustration.
MpM
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