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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Les adoptés
France / 2011
23.11.2011
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A L’UNANIMITÉ
"On n’est pas devenues ce qu’on voulait être, mais on s’en sort plutôt pas mal."
Et voilà. Maintenant, on n’a plus qu’une envie : se laisser adopter par la famille presque exclusivement féminine imaginée par Mélanie Laurent ! Une famille pleine de fantaisie et de vie, mais non dénuée de coups bas, de tensions et de drames, qui fait face à sa manière aux aléas du destin. S’il n’y avait qu’une seule chose qui fonctionne dans Les adoptés, ce serait ce portrait à la fois bienveillant et ironique de femmes attachantes malgré leurs défauts, et avec lesquelles on meurt d’envie de partager un thé… ou une coupe de champagne. Mais la cerise sur le gâteau, c’est que presque tout est réussi dans ce premier long métrage maîtrisé et sensible.
Le scénario, sur le fil, capte le bouillonnement de la vie, avec ce qu’elle a de plus ténu (une rencontre amoureuse, des confidences entre deux sœurs, une amitié qui se noue) et de plus fort à la fois (le deuil, la jalousie, la peur du changement…). La mise en scène apporte ce qu’il faut d’humour et de légèreté à des situations qui oscillent entre fantaisie débridée et mélancolie douce-amère. Même l’absence, le deuil et la douleur sont traités avec une sorte de distanciation qui les rend plus supportables, quitte à avoir recours au surnaturel, ou à l’imaginaire. Quant aux acteurs, ils se coulent avec une grâce enfantine dans des rôles à l’écriture ciselée, à commencer par Marie Denarnaud et Denis Ménochet qui imaginent une relation amoureuse tout en fragilité et en candeur.
Mélanie Laurent ne tombe pas dans le premier film somme, qui cherche à tout dire en deux heures. Elle garde des zones d’ombre, des pistes à peine ébauchées, pour se concentrer sur une ambiance et une tonalité qui semblent à la fois extrêmement singulières et très ancrées dans leur époque. Il y a là la question de la filiation et de la transmission, de l’ouverture aux autres, mais aussi des familles qu’on se choisit et qui se construisent tout au long de la vie, au fil des rencontres et des découvertes.
Plus pétillant et lumineux que mélodramatique, Les adoptés convainc ainsi par sa générosité spontanée. Il compense même ses quelques maladresses (le recours systématique aux jeux de profondeur de champ finit par lasser) et son petit coup de mou en seconde partie par une inventivité narrative presque constante. On sent que tout a été pensé dans les moindres détails, plusieurs bonnes idées jaillissant à chaque plan, à la fois dans le récit et dans la manière de les mettre en œuvre. Même les personnages secondaires ont une vraie épaisseur, et un rôle bien déterminé dans l’intrigue conçue comme un concerto à plusieurs solistes. D’ailleurs, la bande-son à la beauté déchirante (écrite et interprétée par le meilleur groupe français de ces dernières années, les géniaux Syd Matters) renforce cette impression en faisant de chaque protagoniste un instrument distinct. Comme dans toute partition, l’émotion peut alors survenir lorsque l’équilibre se fait, et que l’harmonie nait entre les personnages-musiciens.
mpm
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