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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Mission : Impossible - Protocole fantôme (Mission: Impossible - Ghost Protocol - Mission : Impossible 4)
USA / 2011
14.12.2011
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L'INDESTRUCTIBLE
"- Rappelle toi. Bleu tu accroches.
- Et quand c'est rouge.
- tu te craches."
Personne ne s’attendait vraiment à ce qu’il reprenne son rôle d’Ethan Hunt dans Mission : Impossible. Et pourtant, Tom Cruise est bien de retour. Mieux, il nous revient plus en forme que jamais dans ce quatrième opus signé Brad Bird, réalisateur des géniaux les Indestructibles et Ratatouille de la maison Pixar. De toute façon l’annonce d’un tel mariage portait en elle l’once de curiosité nécessaire pour se laisser convaincre de l’utilité d’une telle suite. Si la collaboration est audacieuse sur le papier, est-elle réussie sur grand écran ?
À l’évidence, oui. Pour deux raisons au moins : un retour aux sources (hommage à la série TV) et une maîtrise formelle aboutie (mise en scène efficace jamais tape à l’œil). Pour le reste, ne nous y trompons pas, Mission : Impossible, Protocole fantôme ne se détache pas vraiment des canons du genre. Peu importe puisque le spectacle est de qualité, sans temps mort, sans pathos inutile (sauf une scène finale aussi mal écrite qu’inutile), ni exagération scénaristique. Ce que le film gagne en clarté d’exposition, il le perd en personnalité. Film synthèse idéal des trois premiers opus, de la série TV et des films d’action en général, MI4 ne s’embarrasse pas, fort heureusement, de son scénario ultra-classique dans lequel un dissident russe décide d’embraser le monde par le biais d’une guerre nucléaire. Ce qui intéresse Brad Bird est moins l’aspect géopolitique d’une histoire d’espionnage rebattue que les scènes d’action par lesquelles l’équipe de la Mission impossible arrivera à déjouer la menace. La nuance est de taille et spécifie par ce biais la réussite du premier long-métrage « live » du cinéaste.
Dès lors, le réalisateur n’a pas peur de nous embarquer, 2 h 12 durant, dans une succession de scènes d’action superbement découpées, rythmées, agencées, ou le sens du mot visuel prend toute sa valeur. Tout y est ou presque. Gadgets high tech plutôt fun, intrusion dans un lieu a priori inviolable (le Kremlin), séquence de haut vol (la scène où Ethan Hunt se retrouve à gravir la tour du Burj Kalofa à Dubai mérite vraiment le détour surtout en IMAX), course-poursuite, tranche de séduction, humour en forme de clin d’œil… La somme des séquences fournit un métrage limpide, linéaire, sans fioritures, en tout point efficace. Drôlement efficace, même. Sa valeur ajoutée, car il y a valeur ajoutée, réside dans sa capacité à nous offrir des temps forts, sorte de climax permanent, tout le long du film. De la scène d’ouverture dans la prison russe à celle, finale, dans une usine d’assemblage de voitures en Inde, Brad Bird arrive à générer quasi systématiquement, grâce à sa gestion remarquable de l’espace, de l’adrénaline. Malgré cette jouissance de tous les instants, il ne peut balayer d’un trait l’indigence d’un scénario sans réel surprise.
Que serait Mission impossible sans son agent phare, Ethan Hunt ? Pas grand-chose pour dire vrai. Heureusement, Tom Cruise assure. À bientôt 50 ans, il prouve, cascades à l’appui, qu’il n’est pas has been. Physiquement, c’est un monstre. Et là, il travaille en équipe, aux côtés d’acteurs de la trempe d’un Jérémy Renner (Démineurs, the Town, L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford). Du début à la fin il ne sera pour ainsi dire jamais seul. Retour aux sources avons-nous dit. Du premier film (De Palma 1996) comme de la série TV. Pour un réalisateur venant des studios Pixar, cela n’est pas étonnant. Cet esprit d’équipe structure la trame d’un volet dans sa raison d’être. Et le sauve, par la même occasion, de la succession froide de scènes d’action dont nous vantions un peu plus haut les qualités.
Mission : Impossible, Protocole fantôme mérite le détour, mérite de voir Tom Cruise en haut de l’affiche, mérite à Brad Bird de valider l’essai « live » une seconde fois. Même si la féerie et l’inventivité de ses réalisations animées sont loin d’être égalées. Mais ne boudons pas notre plaisir car la saga des Mission : Impossible à encore beaucoup de choses à montrer. Et c’est tant mieux !
geoffroy
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