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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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A Dangerous Method
USA / 2011
21.12.2011
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UNE HISTOIRE (DE) COMPLEXE
"Êtes-vous conscient que notre conversation a duré 13h ?"
David Cronenberg surprend avec un film historique, en costumes, qui explore un sujet a priori assez peu visuel : les balbutiements de la psychanalyse. Mais le cinéaste parvient à relier ces faits réels au reste de sa cinématographie en se concentrant sur l’interaction entre les trois pionniers de la discipline : le disciple Jung, le maître Freud, et leur muse-inspiratrice-élève Sabina Spielrein. De ce triangle plus intellectuel qu’amoureux, il tire une observation fine de l’âme humaine, sans cesse tiraillée entre pulsions et principes, désirs et refoulements.
Ainsi basé sur la parole, l’échange, et les variations psychologiques, A dangerous method s’avère un film plus cérébral que d’ordinaire, relativement statique, et parfois à la limite de l’ennui. Les longs échanges par lettres de la seconde partie renforcent cette impression de théâtre filmé (le film est en partie inspiré d’une pièce). On a beau avoir envie de se laisser convaincre par les diverses théories qui fusent, tantôt se complétant, tantôt s’affrontant, on ne retrouve pas dans le film les émotions violentes et si humaines qui sont pourtant au cœur des débats.
David Cronenberg est si occupé à trouver des astuces de mise en scène pour dynamiser son sujet qu’il délaisse la chair du film. On se retrouve face à un objet froid et mécanique, efficace mais sans le petit supplément d’âme que l’on attendait du réalisateur. Même ses acteurs semblent avoir essayé de combler un manque en partant en roue libre : Keira Knightley, en quête d’un Oscar, livre une performance outrée, Viggo Mortensen se la joue "grand sage" au-dessus de tout, et Vincent Cassel semble toujours sous cocaïne depuis Les promesses de l’ombre. Seul Michael Fassbender s’en sort en médecin lui-même torturé par les pulsions qu’il diagnostique chez les autres.
Malgré tout, cette incursion de Cronenberg dans un cinéma plus classique est loin d’être un échec. La tension qui se dégage entre les personnages, les passages ironiques, les dialogues brillants prouvent que le cinéaste n’est pas en panne d’inspiration. Peut-être avait-il seulement besoin d’explorer une autre voie cinématographique, faisant agir A dangerous method comme une thérapie expérimentale.
MpM
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