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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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La délicatesse
France / 2011
21.12.2011
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LES CŒURS AUTONOMES
«- On devrait être actrice au lieu de vendre des programmes.
- Surtout pas actrices, ce qu’elles sont chiantes !»
La délicatesse est un premier film. Cela rendrait indulgent sur certains défauts. Ça révèle aussi les qualités indéniables du film. Il s’agit également d’une adaptation par son propre auteur, David Foenkinos, et son frère, Stéphane. Rien ne vaut une trahison de sa propre création… Et ce qui étonne, positivement, c’est le désir de cinéma qui s’en dégage. La qualité des décors (très seventies), le soin des costumes, l’ambition musicale, signée par la merveilleuse Emilie Simon, l’élégance des mouvements de caméra : tout contribue à rapprocher La délicatesse des films maniérés de Xavier Dolan ou des comédies absurdes stylisées du cinéma nordique. Après tout, de l’entreprise au prince peu charmant, tout est suédois.
On regrettera alors qu’Audrey Tautou ne se renouvelle pas assez pour nous surprendre, même si sa grâce et sa dureté en faisaient un choix évident. On reprochera sans doute un étirement du final, avec un rythme qui se ralentit, des situations moins palpitantes, un humour qui disparaît au profit de la romance, trop grave. Ça n’enlève rien à la poésie et à la drôlerie de l’ensemble de l’œuvre. Le perfectionnisme artistique sauve même quelques séquences un peu vaines, au risque de les rendre un peu vides.
On retrouve tous les ingrédients d’une comédie romantique : un mari et une famille idéales, les souvenirs d’un bonheur passé… avant qu’on ne bascule dans un marivaudage teinté de mélancolie et assombri par la solitude. Ce chapitre là est le plus emballant : ses insertions, parfois surréalistes, son écriture, souvent délicieuse et ironique, produisent une alchimie réjouissante. La dernière partie est plus classique, et, avouons-le, toute aussi raffinée soit-elle, nous emballe moins.
Pourtant. François Damiens, homme invisible, insuffle toute sa sensibilité, sa vulnérabilité, et une certaine force provenant d’une honnêteté infaillible. Nous restons captivé par son personnage, et son jeu. Les seconds-rôles n’ont rien à lui envier – Todeschini trouve ici son personnage le plus intéressant depuis des années. Mais le trop poli Damiens vole la vedette en homme secret qui souffre des indiscrétions. Absent du premier tiers, apparaissant de dos, muet, dans son premier plan, on le découvre de face lors de la scène cruciale qui fera tout basculer. Un pari osé, qui fonctionne. L’inaccessible wonder-woman et le loser un peu sauvage. Le sérieux face à l’humour. La carpe et le lapin. Avec un propos résolument féministe puisque c’est elle qui porte la culotte.
Dans cet enchaînement de situations burlesques, les frères Foenkinos tentent de nous attendrir, aussi. C’est parfois maladroit. La dérision sauve les quelques écarts. Les bonnes phrases font rire. La banalité (et l’ennui, la routine, la normalité) est transcendée par la direction artistique. Dommage que la mise en place du happy end soit si longue, et moins légère.
De Jeunet à Delerm, le style littéraire et visuel du film porte sans honte ses références. La délicatesse a un goût de bonbon d’enfance qui se transforme en saveur nostalgique. Après ce n’est qu’une question de goût. Celui là, un peu pimenté et sucré, n’est vraiment pas désagréable. Le souci du détail des deux cinéastes doit désormais faire place à l’envie d’une plus grande confiance en soi. Un peu comme pour les personnages du film…
vincy
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