Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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L'Irlandais (The Guard)


/ 2011

21.12.2011
 



LES MECS DU CONNEMARA

Le livre Bye Bye Bahia



Pour ceux qui ne connaîtraient pas le Connemara, paysage typique, c'est-à-dire froid et pluvieux, de l’Ouest de l’Irlande, le film de John Michael Mcdonagh est fait pour vous. Le réalisateur, lui-même irlandais, nous propose un premier film malin et maîtrisé, sorte de relecture plutôt sympathique du polar au même titre que Bon Baisers de Bruges dont il porte la filiation. Le côté burlesque en moins.

Loin des canons du polar « premier degré » en vogue dernièrement, L’Irlandais cultive l’art du décalage. Faux rythme savamment élaboré, mise en scène carrée sans esbroufe ni mauvaise prétention, dialogues concis pour des personnages parfois évasifs, chocs des cultures (toutes anglo-saxonnes) saupoudrés par une bonne dose de cynisme, rencontre de deux visions du monde, a priori contraire, pas forcément contradictoire. Vous mélangez le tout en l’inscrivant dans cette géographie du bout du monde et vous obtenez un petit film décalé, jouissif, libre et, cerise sur le gâteau, formidablement bien interprété.

L’histoire est simple. Presque basique. Déjà abordée maintes fois au cinéma. Ce n’est pas grave quand elle fonctionne. Ce qui est le cas ici. Nous suivons, patiemment, le travail du flic du coin, Boyle, dans la ville de Limerick. Vieux garçon bedonnant, bourru, porté sur la bouteille et les putes, il parle franchement, met en pratique ses méthodes peu orthodoxes et ne supporte pas beaucoup qu’on l’emmerde. Surtout si l’on vient de Dublin, la capitale. Sur ce point le cinéaste ne prend aucun gant. Les gens du coin sont racistes, xénophobes, fermés à toute ouverture. L’Europe semble loin dans cette région où l’on parle couramment Gaélique. Lorsqu’un agent du FBI (Don Cheadle), de couleur de surcroît, débarque à Limerick pour enquêter sur un réseau de trafic de drogue international, l’accueil n’est pas n’est pas vraiment amical.

La collaboration entre les deux hommes sera à contre-courant des habituels buddy-movie. Nous sommes bien plus proches d’un hommage en forme de clin d’œil au film de Norman Jewisson, Dans la chaleur de la nuit (1967), que d’un copier-coller irlandais de L’Arme fatale (de Richard Donner, 1987). L’enquête devient un prétexte. Elle sert de moteur au ton décalé d’une œuvre se construisant a contrario pour mieux prêcher les dangers du repli identitaire et des préjugés. D’où qu’ils viennent. La parodie ne prend jamais puisque le réalisateur préfère nous brosser une galerie de personnages oscillant entre le cliché de carte postale et la vérité d’une situation socio-économique parfois écrasante. L’humanité pointe le bout de son nez à de multiples reprises, faisant de l’Irlandais un polar atypique car ancré dans une réalité prégnante même si réalisé un peu sur le mode du western fauché façon Fassbinder. Les personnages représentent une lecture simplifiée mais juste d’une sociologie poétisée par le cinéma, des flics aux truands, de l’agent du FBI aux prostituées de Dublin.

Dans ce registre, saluons la performance de Brendan Gleeson, parfait en flic rustre franc du collier dont l’œil pétille encore un peu. Il impose sa stature, son phrasé, sa bouille, son irrévérence brute. Il est tout entier cet irlandais un brin désabusé, aussi mélancolique que terre à terre, profond que superficiel. En fin de compte et malgré les apparences, Boyle il l’aime bien cette terre du Connemara.
 
geoffroy

 
 
 
 

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