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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Trust
USA / 2011
18.01.2012
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LA CONFIANCE NE RÈGNE PLUS
"- Je t’aime et je ne comprends pas ce que l’âge peut y changer."
Il y a toujours quelque chose d’inquiétant à voir un réalisateur aborder en un seul film tant de sujets sensibles : pédophilie, risques liés aux nouvelles technologies, reconstruction après un drame, conflit des générations… Pourtant, David Schwimmer s’en sort plutôt bien, explorant toutes les pistes qui découlent de son sujet et s’y tenant malgré les tentations mélodramatiques ou sensationnelles. Assez rapidement, on s’aperçoit qu’il a cherché à décaler le centre du film vers le père plutôt que vers la victime. Il s’est ainsi attaché aux différentes réactions de cet homme littéralement brisé, qui passe de l’ahurissement à la douleur la plus intense.
Cet angle original permet de sortir du simple drame pour apporter une réflexion sur la part de responsabilité des parents face aux épreuves traversées par leurs enfants. Le personnage principal se torture en cherchant à tout savoir de ce qui a amené sa fille à accorder sa confiance à un parfait inconnu. Il est également tenté par une vengeance personnelle et expéditive.
Le film s’avère moins convaincant lorsqu’il essaye de délivrer un message alarmiste sur les dangers des nouvelles technologies (certes réels, mais présentés de manière un peu simpliste), ou lorsqu’il se laisse aller à un certain sensationnalisme. Clive Owen n’est pas toujours très juste en père plus axé sur sa souffrance que sur celle de sa fille. L’actrice qui joue la jeune adolescente séduite et abusée, Liana Liberato, ne parvient pas non plus à faire sentir les contradictions de son personnage, dont on a du mal à comprendre les revirements soudains entre méfiance et abandon, entre "amour" et haine.
Le problème de David Schwimmer est peut-être de ne pas avoir su comment faire évoluer son film. Une fois le sujet posé, il hésite entre le drame familial, la chronique adolescente, et même le mini thriller social, laissant chaque piste inaboutie. Ce qu’il dit de notre société actuelle (la crudité des jeunes filles et leur relative décontraction sexuelle, l’équilibre à trouver entre protéger ses enfants et les laisser faire leurs propres expériences, l’ambivalence des nouvelles technologies, qui offrent liberté aux ados tout en facilitant la vie des pervers…) est incontestable, mais peut-être un peu trop général pour vraiment apporter quelque chose au propos. On peut même avoir une grosse réticence envers la pseudo-morale du film, qui donne le sentiment qu’au final, échanger une part de sa liberté contre plus de sécurité pouvait être une solution.
MpM
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