Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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El Chino (Un cuento chino)


/ 2011

08.02.2012
 



LA VACHE ET L’EXILÉ

Le livre Bye Bye Bahia



« - Je parle cantonnais. Lui parle mandarin. »

On connaissait l’effet papillon (un battement d’aile à un endroit dans le monde entraîne une succession de faits à travers la planète). Voici l’effet vache qui tombe du ciel. Cela va conduire un jeune chinois, orphelin, à Buenos Aires, jeté littéralement dans les bras d’un quincaillier, lui même orphelin et même vieux garçon rempli de tocs.
El Chino a les allures d’une fable, très distrayante, où l’on navigue entre humour et émotion. Avec un scénario très bien calibré, on s’attache aux personnages principaux – doit-on encore dire que Ricardo Darin a un magnétisme qui sied à tous les genres de films ? – et on se laisse embarquer avec plaisir dans la chronique d’une vie millimétrée et routinière d’un argentin ordinaire confronté à un grain de sable extraordinaire : un immigrant chinois, qui ne parle pas l’espagnol.

L’autre aurait pu être un barbare, un étranger. Mais l’humanisme qui tient de fil conducteur au film le transforme en révélateur, en moteur du changement. Avec un personnage central complètement névrosé (mais fondamentalement bon), El Chino se régale dans des séquences anecdotiques pleines de dérision. En découvrant son passé, et en le mettant face à celui de son « invité », le spectateur va progressivement se laisser séduire par cette rencontre beaucoup moins légère qu’il n’y paraît. Oui, on rit devant les capsules composées des faits divers loufoques, presque des fantasmes, que collectionnent ce quincaillier. Mais il prend conscience que cette vie absurde qu’il lit, qu’il dénonce (et qu’il fuit) n’a aucun sens. En se laissant enfermé dans un passé hanté par les fantômes de ses parents, il se laisse mourir progressivement. Ce chinois, lui même habité par le deuil, va le réveiller, le bousculer.

On ne peut être qu’empathique avec cette histoire, très classique, qui démine les tragédies amoureuses tout en rendant burlesque les situations les plus banales. On sourit tant les contraires s’attirent. La mise en scène de Sebastian Borensztein s’amuse avec un scénario où les événements s’enchaînent avec vélocité et les seconds rôles ne sont pas vains. En s’appuyant sur le comportement de ses personnages, il démontre aussi que les individus ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour être solidaires : l’autorité est jugée fainéante ou arbitraire.

Mais, avant tout, ce joli conte mondialiste sur l’altruisme nous explique que la solitude, l’incommunicabilité, ne sont pas des fatalités. Même sans le langage, deux hommes peuvent se rapprocher. Avec un seul dessin, un homme et une femme peuvent se retrouver. L’isolement est finalement le mal absolu de cette histoire. Et si l’on se sent si bien après ce film, certes naïf, c’est bien parce qu’il nous fait croire qu’un chinois et un argentin, peuvent, en s’entraidant et sans se comprendre, surmonter leurs drames personnels. Et bien sûr qu’une vache peut être la cause d’un malheur comme la source d’un bonheur.
 
vincy

 
 
 
 

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