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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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La dame de fer (The Iron Lady)
Royaume Uni / 2011
15.02.2012
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MY (UN)FAIR LADY
"Si vous voulez changer le parti, dirigez-le. Si vous voulez changer le pays, dirigez-le."
Plus qu’un biopic, La dame de fer est avant tout le portrait touchant d’une femme diminuée, menant son dernier combat contre la maladie. Derrière le masque de l’implacable Margaret Thatcher apparaissent en effet les contours d’un être humain vulnérable, rattrapé par ses souvenirs, bons et douloureux, comme le serait n’importe quelle personne frappée par la maladie d’Alzheimer. Du contraste entre ce que fut la première femme Premier Ministre de Grande Bretagne et cette vieille dame fatiguée et perdue naît une indéniable émotion, renforcée par l’interprétation saisissante de Meryl Streep. On croit à chaque seconde du film que c’est la véritable Margaret Thatcher qui évolue sous nos yeux, tantôt pleine d’allant, invincible et sûre d’elle, tantôt comme l’ombre d’elle-même, vieillie et déjà un peu absente.
La construction de l’intrigue est également assez astucieuse pour éviter la biographie exhaustive ou sur-explicative. Là, seules quelques bribes des souvenirs les plus marquants remontent à la surface et se mêlent au présent. Cela donne dans le première partie un récit rythmé et surprenant, qui revient sur les débuts de la jeune femme, fille d’épicier diplômée d’Oxford. L’effet s’amenuise au cours du film, jusqu’à devenir un peu répétitif, mais il demeure une des forces du film.
Son autre grande qualité est de proposer le portrait couplé d’une personnalité hors du commun et d’une époque qui appartient désormais à l’histoire. Au-delà de ses convictions (controversées à juste titre), Margaret Thatcher telle qu’elle apparaît dans le film fut une femme de caractère qui s’est battue pour ce en quoi elle croyait, et qui a dû pour cela traverser un chemin jonché d’embûches dues à sa seule condition de femme. On pourrait ergoter sans fin sur l’absence de prise de position du film, qui ne fait que survoler les points les plus sombres de l'époque Thatcher, au profit d'aspects plus mélodramatiques ou lyriques. Toujours est-il que Phyllida Lloyd a su capter la dimension probablement la plus intéressante du personnage et de son existence : la force de caractère d’une femme en avance sur son temps, prête à se battre jusqu’au bout pour ses idées, et pour laquelle s’enfermer dans le rôle que la société entendait lui imposer n’a jamais été une option.
MpM
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