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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Gummo
USA / 1997
09.06.99
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LA FACE CACHEE DU RÊVE
"Harmony Korine aboutit ici à une oeuvre totalement originale. Il serait impossible de la faire entrer dans un genre en raison justement de sa nouveauté. Il faudrait pour cela inventer un genre nouveau. Il y a tant d’influences qui traversent Gummo : Herzog, Cassavetes, Arbus, Fellini, Godard, Maysles, Jarman... Gummo me donne envie de faire un film qui lui ressemble. Je ressens un peu ce que les golfeurs professionnels d’âge mur doivent ressentir en regardant le petit génie Tiger Woods jouer au golf. Ils ont envie de jouer comme ça".
Vous avouerez qu’en matière de compliments, on peut difficilement faire mieux. Gus Van Sant, puisque c’est lui dont il s’agit, a vraiment eu un coup de foudre pour Gummo et son jeune réalisateur de 23 ans, Harmony Korine. Et il est vrai - même s’il est un peu prématuré tout de même de crier au génie - que Gummo est un film étonnant.
Les partis pris narratifs et esthétiques étaient au départ plutôt risqués : pas d’intrigue conventionnelle, mais au contraire un collage de scènes qui pourraient être indépendantes les unes des autres. Et ensuite, un style, une allure visuelle différente pour chaque scène avec tantôt la caméra à l’épaule, la steadicam, des plans fixes tirés de simples photos polaroïd ou des films en super 8.
Autant dire que pour imposer un tel feu d’artifices d’effets, il faut au départ avoir de la matière. Et Harmony Korine en a. Et plutôt de celles qui invitent à toutes les audaces formelles. Le réalisateur est allé dans un coin perdu de l’Amérique. Autrement dit, un endroit où les caméras de Hollywood ne s’aventurent jamais. Il montre la misère, la violence, le désoeuvrement mais aussi, chez les adolescents qu’il filme, la part de rêve toujours intacte en dépit de la dureté de l’environnement.
Du coup, Gummo est à la fois cruellement réaliste et incroyablement onirique. Harmony Korine a su en outre trouver les Solomon et Tummler idéaux, Jacob Reynolds et Nick Sutton, personnages aussi intrigants physiquement que psychologiquement. Dommage dans ces conditions, qu’Harmony Korine se livre parfois à quelques excès dans la démonstration, à quelques provocations gratuites. Si on passe l’éponge sur ces aspects moins positifs, il est certain qu’Harmony Korine s’impose comme un réalisateur très prometteur. anne sopjie
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