Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



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Extrêmement fort et incroyablement près (Extremely Loud & Incredibly Close)


USA / 2011

29.02.2012
 



INDENIABLEMENT FAIBLE





« - Je trouve plein de choses bizarres. Beaucoup de gens me trouvent bizarre. »

On l’avait déjà ressenti avec The Reader : le cinéma de Stephen Daldry devient pesant. A flirter avec un sujet équivalent à celui d’Hugo Cabret (le deuil du père, un monde imaginaire, la quête d’un trésor qui n’est pas celui qu’il croit), Extrêmement fort et incroyablement près souffre de la comparaison tant le film manque de magie.

On peine à croire que le réalisateur de Billy Elliot ait à ce point manqué de punch et de fantaisie avec une trame si ludique. La confrontation d’un fantôme planant dans le monde des morts et d’un gamin enfermé dans sa bulle. Ses pyjamas affreux, ses tocs, font de ce surdoué un peu autiste, très menteur et indéniablement malin, un fabuleux personnage de cinéma. Mais il s’essouffle vite tant le scénario manque de nerfs, malgré des personnages secondaires intéressants, mais souvent trop furtifs.

Le comble est bien d’avoir un film sur le pouvoir de l’imagination qui manque à ce point d’inspiration. Si encore il y avait la fantaisie visuelle et verbale d’un Gondry ou d’un Jeunet pour nous dicertir.

Mais « EFIF » s’enfonce dans le mélo, avec un père mort dans les Tours un 11 septembre, une mère incapable de consoler et de communiquer avec son fils, une grand mère un peu négligée par le script, un grand père formidable mais cantonné à son rôle de guide ; sans oublier tous ces visages new yorkais dont le film semble vouloir être un portfolio rendant hommage à une population meurtrie par l’acte terroriste du World Trade Center.

Rien n’est manié avec subtilité : ni le rapport entre la chasse au trésor et la fuite du réel, ni les allers retours dans le temps (bien mieux maîtrisés dans The Hours), ni même le message sous-jacent (faire face à ses peurs, tout n’a pas un sens, etc…). On s’agace même de cette quête obsessionnelle et du dysfonctionnement du gosse qui prennent l’ascendant sur le conte qu’il aurait pu être.

Le découpage reste intéressant, chaotique, et offre parfois quelques séquences fortes émotionnellement (les messages enregistrés sur le répondeur téléphonique) mais se diluent rapidement dans d’autres plus insignifiantes, manquant souvent de dramaturgie. De lh’éritage ou de la transmission, on ne voit pas très bien ce que le cinéaste préfère nous léguer. La quête du père et l’enquête du fils aboutissent même à un paradoxe : l’amour de la mère. Tout s’est effondré ? Non, une vaillante femme résiste encore et toujours à la douleur. Et c’est là le seul éclat du film : Sandra Bullock. Absente une grande partie du film, elle y revient pour nous révéler à quel point elle était extrêmement aimante et incroyablement présente. Elle porte à elle toute seule le poids de l’émotion et la lumière d’un film qui a cherché son éclairage durant deux heures, en vain.
 
vincy

 
 
 
 

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