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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Hasta la vista
Belgique / 2011
07.03.2012
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INTOUCHABLES
"Etre en fauteuil roulant ne vous donne pas tous les droits."
En sortant seulement quelques mois après Intouchables, qui est encore dans tous les esprits, Hasta la vista souffrira forcément de la comparaison avec le grand carton du box-office 2011. Et le fait est que, dans les deux cas, il est question d’amitié et de handicap, de préjugés et de solidarité, sur une tonalité qui se veut légère, voire décomplexée. Il serait pourtant dommage de ne juger le film de Geoffrey Enthoven qu’à l’aune de son prédécesseur. Probablement les deux œuvres répondent-elles à une nécessité commune de parler de la société dans sa diversité, et de lutter à sa manière contre toute forme d’exclusion. Pour le reste, chacune s’inspire d’une histoire vraie (celle de Philippe Pozzo di Borgo pour Intouchables et celle d’Asta Philpot pour Hasta la vista), ce qui lui confère forcément une identité et un ton propres.
Geoffrey Enthoven a ainsi choisi de traiter cette quête de la première expérience sexuelle à la manière d’un film pour teenagers classique : avec humour, voire dérision, et sans hésiter à appeler un chat un chat. Ses trois personnages ressemblent à ce titre à n’importe quels adolescents qui jouent un tour pendable à leurs parents et s’engagent dans un voyage initiatique mêlant forcément fous rires et petits tracas. Dans la première partie du film, le handicap des trois amis apporte une certaine profondeur, et un enjeu supplémentaire, à l’intrigue, sans pour autant en être l’élément central.
Le scénario se joue ainsi des clichés, et imagine des personnages que leur état de santé ne rend ni meilleurs, ni pires, et qui s’avèrent tout simplement humains, avec ce que cela implique d’imperfection. La manière dont ils traitent leur accompagnatrice Claude est à ce titre symbolique : parce que c’est une femme, qu’elle est d’origine wallonne, et qu’elle ne correspond pas aux critères de beauté physique en vigueur, ils se croient autorisés à l’insulter, la rejeter et même la maltraiter. Comme quoi l’exclusion, les préjugés et la peur de l’autre, ne fonctionnent pas que dans un sens…
La démonstration, bien sûr, manque de subtilité et pêche par un excès de didactisme (à l’image du reste du film), mais au moins tente-t-elle de prendre le contrepied de ce qui était attendu. Cette vision parfois trash des trois héros handicapés est un véritable parti pris de scénario, qui refuse de tomber dans le panneau du handicapé si sympathique (si digne, si humble…) malgré ses malheurs. Dommage que la deuxième partie du film ne parvienne pas à tenir ce cap, et sombre peu à peu dans un trop plein de bons sentiments. Le problème se situe au niveau de l’écriture du récit qui se met à alterner scènes de comédie et séquences franchement mélodramatiques avec une régularité de métronome, gâchant toute la fantaisie et l’inventivité des situations. Comme si le réalisateur avait fini par se laisser rattraper par les aspects les plus plombants de son sujet.
Reste qu’Hasta la vista aborde la question de la différence avec une énorme liberté, ouvrant avec intelligence une réflexion enrichissante sur le droit des personnes touchées par un handicap à vivre pleinement, ne se refusant ni la force d’une amitié exceptionnelle, ni l’apprentissage de l’amour ou de la sexualité, ni surtout le bonheur d’aventures minuscules mais exceptionnelles qui seules donnent le sentiment d’être vivant.
MpM
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