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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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La dame en noir (The Woman in Black)
/ 2011
14.03.2012
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MAGIE NOIRE
"Ne chassez pas les ombres !"
Trois fillettes prennent le thé avec leurs poupées, joyeuses et attentives. Tout à coup, elles se figent, abandonnent les jouets sur le sol, et s’avancent vers la fenêtre, dont chacune ouvre un pan avant de se précipiter dans le vide. Glaçante, et implacable, la séquence d’ouverture de La dame en noir laisse transparaître ce que sera le film : une œuvre à la noirceur oppressante, d’un classicisme élégant, quoiqu’au scénario plutôt prévisible.
James Watkins (Eden lake) signe en effet un film de fantômes ultra soigné, adapté sans grande prise de risque du roman à succès de Susan Hill, The woman in black. Toute l’intrigue est exposée en quelques scènes courtes qui laissent rapidement place à l’élaboration d’une atmosphère hostile et délétère dans laquelle se débat vaillamment l’acteur principal, Daniel "Harry Potter" Radcliffe, dans le rôle gentiment stéréotypé d’un père de famille veuf et éploré.
C’est de cette atmosphère envoûtante et de l’esthétique néogothique qui l’accompagne que le film tire toute sa force. Car il a beau respecter tous les codes du genre (vieille maison isolée, grincements inquiétants, silhouettes entrevues, portes fermées qui s’ouvrent seules…), à chaque passage obligé, à chaque rebondissement attendu, on se laisse surprendre malgré soi. Tout ce qui passe dans le vieux manoir au milieu des marais brumeux (l’occasion d’un très beau jeu d’ombres, de lumières et de clair-obscur) entretient ainsi un climat d’épouvante qui monte lentement et ne retombe jamais complètement.
La fascination pour la mort éprouvée par le personnage central (qui est poursuivi par ses propres fantômes avant même d’arriver dans le village maudit) ainsi que la thématique de vengeance dévastatrice ajoutent un fond violemment romantique au récit. Il ne s’agit plus de lutter contre des forces surnaturelles malsaines, mais bien d’entrer en contact avec elles pour tenter au mieux de les apaiser. La retenue avec laquelle James Watkins filme le spectre de la dame en noir (toujours furtivement, comme une ombre dont on ne peut jamais être sûr qu’on l’a réellement vue) renforce cette sensation d’horreur plus désespérée qu’horrifique. Le spectateur est comme un enfant qui joue avec délectation à se faire peur dans la sécurité confortable de sa chambre paisible.
MpM
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