Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Terraferma


Italie / 2011

14.03.2012
 



LES INVASIONS BARBARES





Terraferma est une fable contemporaine sur « l’autre », cet habitant du monde, migrant du sud, condamné à vaincre la mort pour aller chercher un salut souvent cher payé. Il serait tentant de définir le film comme une synthèse brillante de Respiro et Golden Door, les deux derniers opus cinématographiques du réalisateur italien Emanuele Crialese. Si la filiation existe, l’imbrication des thématiques abordées est plus complexe, pour un résultat cristallisant nombre de paradoxes. Un peu comme si ce monde « mondialisé » n’arrivait toujours pas à se comprendre lui-même malgré les évidences qui l’étreignent.

Le discours est militant (Crialese n’hésite pas à taper là où ça fait mal en stigmatisant la politique d’immigration de l’ancien président du conseil italien Silvio Berlusconi), pas vraiment politique. De fait, la dramatisation des destins qui s’entrechoquent entre terre et mer se veut morale, éthique, personnelle. Il s’agit, pour les différents protagonistes, d’opérer un choix. Entre devoir et liberté. Entre tranquillité et prise de risque. Malgré la situation économique de cette petite île (Lampedusa) perdu au large de la Sicile. Malgré les lois très strictes encadrant les boat people et l’immigration quelle qu’elle soit.

Au-delà de la question première, celle de l’entraide entre les peuples, le cinéaste nous dessine une peinture sociale forte, stéréotypée mais jamais grossière, de ce bout de territoire vaincue par une économie ogresse, autophage, insensible à la détresse d’une population locale désormais envahit chaque été par une horde de touristes qu’il faut à tout prix protéger. Le désordre ne serait nullement dû aux migrants africains venant « s’échouer » sur les côtes italiennes, mais bien à la perte des valeurs morales d’une île devenue aussi aride que ses flancs de falaise.

Le film, sans perdre de son intérêt, s’enlise quelque peu dans la démonstration dès l’irruption de cette femme enceinte et de son fils après qu’ils aient été sauvés des eaux par Ernesto, le grand-père pêcheur. Les visages de cette famille d’insulaires prennent le pli de la posture, à tour de rôle qui plus est. Ernesto brave l’interdit de la loi en sauvant de la noyade des clandestins ; Guilietta, la mère, épuisée par une vie de rigueur patriarcale, prend sur elle pour ne pas mettre dehors Sara et son fils ; Filippo, le fils, semble plus en retrait, attiré par une touriste du continent, avant de réagir en deux temps et de façon contradictoire.

Traversé de quelques fulgurances poétiques rares, Terraferma se construit en réaction, en conscience, face à l’injustice des hommes et des situations qui en découlent. La vision du réalisateur, volontairement polyphonique, à parfois du mal à brasser de façon cohérente les différentes thématiques abordées. Pour toutes ces raisons, le film d’Emanuele Crialese n’est pas un manifeste en forme de brûlot. C’est un cri du cœur. Nous lui pardonnerons volontiers ses quelques errances.
 
geoffroy

 
 
 
 

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