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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Bellflower
USA / 2011
21.03.2012
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MAD(AME) MAX
"Tout a une fin."
Bellflower est un film âpre et audacieux comme on en voit trop rarement. En perpétuelle recherche d’une écriture cinématographique qui soit parfaitement adaptée à l’histoire qu’il veut raconter (une passion amoureuse qui balaye tout sur son passage), Evan Glodell dynamite codes de mise en scène et tradition narrative, quitte à flirter avec un cinéma parfois expérimental. Même la photographie du film a une esthétique propre, comme légèrement déformée, grâce à l’utilisation de caméra spécialement fabriquées par le cinéaste lui-même. Cela donne une juxtaposition de fragments d’images, de scènes et de dialogues qui plongent le spectateur dans un univers déconnecté de tout repère.
Ce montage éclaté qui emprunte aussi bien au clip qu’à la bande-annonce, joue également sur l’alternance entre dialogues, musique et silence, parfois au cœur d’une même séquence. Le travail sur le son, qui s’interrompt brutalement en plein milieu d’une phrase, ou se prolonge au contraire sur la séquence suivante, créé un effet de disjonction spatio-temporelle gommant toute notion de réel. L’obsession des deux personnages pour l’univers de Mad max et leur certitude que la fin du monde est pour bientôt ajoutent à ce sentiment que l’on est hors du temps, dans un microcosme étrange où se mêlent fantasmes et réalité.
La liberté de ton du jeune cinéaste est définitivement enthousiasmante, d’autant qu’elle est mise au service d’une intrigue presque classique. L’histoire d’amour entre Woodrow et Milly est immédiatement présentée comme dévastatrice, le jeu des flash-backs et du chapitrage renforçant l’impression d’assister à une tragédie programmée. On peut avoir des réticences sur le scénario, qui manque de cohésion dans sa seconde partie, mais à ceux qui osent tout, il sera beaucoup pardonné. La fantaisie débridée de Bellflower et sa maîtrise formelle en font l’un de ces rares films dont l’énergie, même imparfaite, vaut mieux qu’une perfection empesée.
MpM
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