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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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La Terre outragée (Land of Oblivion)
France / 2011
28.03.2012
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FIN D’UN MONDE
"Ce n’est plus un homme, c’est un réacteur. Si vous allez le voir, vous mourrez aussi."
Tout commence dans une ambiance de paradis terrestre que l’on pressent sur le point d’être perdu. La nature resplendissante est en parfaite harmonie avec l’homme qui la choie et la protège. Un jeune couple prend le soleil auprès d’une rivière, un enfant plante un arbre, un vieil homme arpente avec fierté la forêt dont il a la garde. Michale Boganim prend le temps d’exposer ses personnages et de filmer le lieu où ils vivent, comme pour mieux en fixer le souvenir. Car le spectateur, lui, sait qu’il observe un monde désormais disparu. Les voix-off sont là pour prophétiser le drame, et la nostalgie d’un âge d’or perdu à jamais.
Lorsque la catastrophe se produit, le spectateur assiste impuissant à la désagrégation de ce monde idyllique où, dans un premier temps, la vie continue joyeusement, inconsciente des dangers qui la guettent. On bascule ainsi lentement dans la tragédie, puis dans l’horreur. La caméra de la réalisatrice reste à distance, témoin naturaliste de ces instants terribles où l’on réalise soudainement que rien ne sera plus jamais pareil.
Cette première partie de La terre outragée est si forte, poignante mais sans pathos, édifiante mais sans didactisme, que la seconde ne parvient pas à être à la hauteur. On découvre avec intérêt le sort des trois protagonistes dix ans après la catastrophe, puis, rapidement, le scénario se resserre presque exclusivement sur le personnage d’Anya et ses atermoiements amoureux, cassant la force dramatique du propos. Cette double histoire d’amour symbolise de manière assez transparente le déchirement intérieur de la jeune femme, pourtant cela semble artificiel, et même un peu vain.
Toutefois, La terre outragée a le mérite d’exposer le traumatisme indélébile lié à la catastrophe de Tchernobyl dans ce qu’il a de multiple (deuil, contamination, exil, maladie…), et d’inépuisable. En mettant en lumière l’impuissance des autorités face aux conséquences de la tragédie, le film pose l'indispensable question d’un possible apaisement des victimes pour qui la vie s’est tout simplement arrêtée en ce beau jour d’avril 86.
MpM
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