Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Le fils de l'autre


France / 2012

04.04.2012
 



AU NOM DU FILS





« - Je ne me pose pas la question.
- Mais tu avais très envie d’entendre la réponse.
»

Quelques semaines après Une bouteille à la mer qui tentait de faire le lien entre une franco-israélienne et un jeune Palestinien, Le fils de l’autre aborde le thème du dialogue impossible entre une famille juive en territoire hébreu et une famille arabe en territoire occupé.
L’idée de départ est similaire à celle de La vie est un long fleuve tranquille : une erreur humaine conduit à l’échange de deux bébés, ce qui inverse le destin de deux garçons. Le musulman d’origine est éduqué en juif et l’israélien grandit en Palestine.
Si la mise en scène est classique, le rythme permet de se laisser happer par cet imbroglio tragique. Car découvrir, par accident, 18 ans après, que l’on n’est pas qui l’on croit être est un vecteur de souffrance et de colères. Mais Lorraine Levy, grâce à un bon scénario, s’accroche davantage à ses personnages qu’aux situations. Magnifiquement interprétés (avec mentions spéciales pour Emmanuelle Devos, la mère israélienne, et Mehdi Dehbi, le jeune palestinien), ils rendent l’histoire plus humaine que politique. Malgré les enjeux extérieurs, le contexte local, c’est bien l’incommunicabilité et les préjugés qui forcent le film à sortir de son cadre pour en faire un récit plus universel.

Mélo sur la perte d’identité et la notion de famille, ce drame, pourtant filmé avec une certaine légèreté, ou tout du moins une belle luminosité, doit beaucoup aux femmes, qui préfèrent l’instinct, quand les hommes sont armés par leurs schémas dépassés. Car tout est relativisé : les frontières, la religion, les liens du sang, le rapport aux autres, le passé individuel, l’histoire collective…
La politique s’avère vaine. La religion absurde. La classe sociale un (mal)heureux hasard de circonstances. Le film démontre avant tout que le géniteur et les origines réelles n’ont pas grand chose à voir avec notre itinéraire : c’est bien l’éducation que l’on reçoit qui nous forme en tant qu’être. Certaines séquences qui auraient pu être cocasses s’avèrent finalement révoltantes. Mais l’émotion permet d’apaiser toutes ces tensions sous jacentes grâce aux relations entre les parents et les enfants.
Lorraine Levy sait capter les regards qui se croisent, les pensées secrètes qui n’osent pas s’exprimer, les silences intenses. On est forcément touchés par cette histoire de faux frères qui vont finalement n’avoir d’autres choix que de fraterniser.

Pour le reste, Le fils de l’autre n’arrive pas à sortir de quelques clichés (des réalités trop fréquemment filmées comme tels) : la pauvreté palestinienne versus l’opulence israélienne, des personnages un peu déjà vus, un rapprochement des peuples un peu utopiste. La fin est d’ailleurs un peu simple, trop elliptique. Frustrante plus que bouleversante.
Mais le film renvoie en miroir nos propres troubles face à notre rapport à la famille, à notre conditionnement. Il nous interpelle sans nous heurter. Une douce musique où les familles se recomposent en s’unissant plutôt qu’en rejetant l’autre.
 
vincy

 
 
 
 

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