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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Twixt
USA / 2011
11.04.2012
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FORD MODÈLE Z
Francis Ford Coppola signe avec Twixt son retour après le brillant Tétro, nouveau film dont la qualité toutefois nous questionne quant à la diffusion du long-métrage sur les écrans noirs. Le film peut ainsi dire merci au renom de celui qui l'a signé, sans quoi il n'aurait bien évidemment au grand jamais eu un tel parcours, pourquoi ? Parce que presque tout dans Twixt s'apparente à une série Z, pourtant pas mauvaise, loin de là, mais c'est un bien infime retour pour le réalisateur du Parrain et d'Apocalypse Now.
Outre une allure hasardeuse parfois proche du kitsch et qui témoigne soit d'un manque de moyen soit d'un manque de savoir faire, le grand problème de Twixt est surtout son intérêt, très réduit voire inexistant pour nous, l'oeuvre étant une sorte de voyage introspectif dans l'intimité de son réalisateur qui s'évade le temps d'un film.
Coppola met ainsi en scène un personnage perdu dans des histoires de sorcières qui n'intéressent personne, écrivain raté et père désolé nommé Hall Baltimore, tout concourt surtout à faire la parallèle entre la mort du fils de Coppola et celle de la fille du personnage. En effet, à l'âge de 22 ans, Gian-Carlo Coppola fait un accident de bateau en 1986. Dès lors, Twixt s'apparente à ce genre de film de réalisateur qui, comme le personnage principal l'annonce au début, souhaiterait changer radicalement ce qu'il fait pour s'intéresser à ce qu'il aime vraiment faire. Coppola ouvre donc une parenthèse pour son plaisir avec cette oeuvre, en résulte malheureusement un film embêtant mais pas pour autant dénué de qualités, de par sa grande liberté cinématographique déjà.
À vrai dire on ne sait quand même pas vraiment où va le long-métrage, s'égarant dans des rêves fantasques, tantôt froids et ténébreux, tantôt légèrement poétiques grâce à quelque notes mélodieuses. L'atmosphère est agréable, quoique glaciale, Val Kilmer fait ce qu'il faut aux côtés d'un retour improbable d'Edgard Allan Poe, ressuscité sans qu'on sache vraiment pourquoi, si ce n'est que Francis Ford Coppola lui emprunte des idées par ci et là (l'emmurement surtout, qui m'a rappelé l'une de ses nouvelles). Les acteurs ont l'air d'y croire à peu près autant que nous, et même Elle Flanning, que l'on connaît pour Somewhere et Super 8, hérite d'un vampire sans âme.
L'histoire est donc inintéressante mais délivre des scènes oniriques visuellement sympathiques ; merci aux ralentis qui teintent de beauté n'importe quel passage un peu trop plat, de même pour la photographie qui préserve parfois une couleur par plan pour affadir le reste et lui donner un certain style. Mais à peine sorti de la salle, le long-métrage prend déjà la poussière, n'ayant qu'une place mineure dans la filmographie d'un grand cinéaste dont les seuls relents de modernité ne sont ici que de la technologie actuelle et des conversations skype entre le personnage principal et sa femme. Pour le reste, ça sonne très vieillot et on sent un gros contraste entre les éléments.
Le tout se conclut non sans charme, mais ne parvient pas à faire réévaluer le niveau d'un faible long-métrage qui s'apparente beaucoup trop à un téléfilm de luxe. De la mort, de la beauté, mais pas de grâce dans cette histoire déroutante. matthieu
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