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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Battleship
USA / 2012
11.04.2012
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CUIRASSÉS CONTRE ALIENS
Battleship, adaptation ciné du célèbre jeu Hasbro de bataille navale (votre vieux Touché-Coulé), est un divertissement décérébré totalement assumé par son metteur en scène Peter Berg (pourtant réalisateurs des pas trop idiots Hancock, Le Royaume). Si la filiation avec les Transformers de Bay est évidente, ce énième affrontement contre de « méchants » envahisseurs extraterrestres ne s'embarrasse d’aucun sous-titre pseudo-métaphorique sur le choc des civilisations. De fait, le film, beaucoup plus carré que son homologue aux robots destructeurs (si, si), nous offre une bonne dose d’autodérision salutaire. Il vise, entre autre chose, à réinvestir le principe de la bataille armée (qu’elle soit navale, terrestre ou aérienne) plutôt délaissée ces temps-ci par le cinéma hollywoodien. Dans un registre « new age » et vidéoludique singeant le film de guerre à la Tora ! Tora ! Tora !, Peter Berg se lâche pour nous offrir un exercice de style aussi décapant qu’il s’avère futile. Soit le meilleur et le pire des films pop-corn produits chez l’Oncle Sam.
Disons simplement que les personnages, héroïques en diable, sont d’une caricature à pleurer, que les rebondissements, nombreux et plutôt bien rythmés, sont « abracadabrantesques » tout comme la dramatisation, pour le moins inexistante. Reste le traitement. Celui-ci, très second degré mais ne tombant jamais dans l’humour potache, privilégie une action non-stop un brin assourdissant, certes, mais beaucoup plus lisible dans son approche que la trilogie boursouflée de Michael Bay. Pas de quoi pavoiser pour autant puisque le réalisateur, s’il ne nous trompe pas forcément sur la marchandise, aura enrobé son produit derrière un marketing bien huilé – bande-annonce en tête – à même d’aiguiser la curiosité d’estivants en demande de sensations fortes (essentiellement pour un public américain).
De là à dire que Battleship est un navet irrécupérable, il n’y a qu’un pas. Dans le genre, il réserve même quelques trouvailles. La géographie des batailles, circonscrite dans une aire de jeu limitée définie par l’envahisseur lui-même, condense l’action dans un périmètre rarement vu dans une telle production. Et si l’on excepte les quelques démolitions grandeur nature incontournables ainsi qu’une partie terrestre amusante mais sans grand intérêt, Battleship nous sert de la bataille navale en veux-tu en voilà avec, comme point d’orgue, une séquence assez réussie en forme de clin d'œil au jeu historique. Le long-métrage de Peter Berg n’est pas sérieux. Il s’amuse des codes, propose une dernière séquence old-school totalement improbable, façonne ses envahisseurs à la sauce Halo et balance du lourd, du jouissif, du n’importe quoi, entre générosité dans l’action et invraisemblance des situations.
Alors oui, Battleship n’est pas un blockbuster forcément recommandable. Il n’est pas non plus le naufrage artistique annoncé. Sa bonne humeur, sa lisibilité et son lot de scènes d’action plutôt bien découpées compensent l’indigence narrative d’un affrontement sans surprise ni réelle prise de risque.
Pour les non-aficionados, Battleship est quand même à consommer avec modération.
geoffroy
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