Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Tue-moi


Allemagne / 2012

25.04.2012
 



LIBERTÉ





« Je veux que tu me pousses d’une falaise, je n’y arrive pas. »

Adèle est une jeune fille de quinze ans qui ne veut plus rien dire, elle est seule. Entre les vaches de la ferme et les parents taiseux elle ne dit plus grand-chose depuis longtemps, depuis que…
Tue-moi commence par le quotidien morose et répétitif de Adèle ; elle est encore tentée par le suicide sans réussir à sauter le pas. Alors quand un homme évadé de prison fait irruption pour se cacher de la police, elle lui propose un marché : l’aider à s’enfuir si il l’aide à se tuer.

Le titre Tue-moi interpelle comme une sorte de provocation contre la morale ou comme une incongruité contre-nature. Ni bruit ni fureur dans ce film, rien de spectaculaire : la réalisatrice ne cherche pas à provoquer ni à exciter le spectateur. Elle propose une cavalcade en pleine nature d'un homme aux abois et d’une enfant aux aguets. On découvre d’abord progressivement cette Adèle presque adolescente avec des cicatrices nous font deviner le poids d’un drame tragique. Quand Timo le prisonnier évadé surgit dans sa maison c’est un homme menaçant et dangereux, il a déjà commis un meurtre. Il sait tuer, elle veut se tuer. Cette étrange proposition qui ressemble à un pacte. Cette promesse étrange et macabre plane à chaque étape de leur chemin, son exécution plane tout le long du récit.

C’est toute l’originalité de ce road-movie qui nous promène entre l’Allemagne et le sud de la France… Si parfois ils arrivent à ‘emprunter’ des véhicules, c’est la marche à pied qui les fait avancer. C’est à partir du moment où Timo et Adèle sont en fuite et recherchés par la police que Tue-moi arrive à la nature même de son sujet : l’homme et la jeune-fille se retrouvent face à face sans ressources au milieu d’une forêt. Ils vont devoir affronter ensemble la fatigue, la faim, la peur, et enfin s’apprivoiser l’un et l’autre. Si pour les autorités Timo est un criminel qui a kidnappé l’enfant, leur rapport est tout autre car c’est plutôt Adèle qui a pris en otage l’homme en lui demandant de mettre fin à sa vie.

La réalisatrice Emily Atef fait le pari d’un style très réaliste (ils mangent ce qu’ils trouvent, elle doit couper ses cheveux…), mais c’est surtout l’énorme charisme de Roeland Wiesnekker et de la jeune Maria Dragus qui fait que l’on s’attache vraiment au devenir de ces deux personnages. Emily Atef ne s’attarde pas sur un rapport de force entre eux pour plus dépeindre une complicité naissante entre deux êtres qui ne désirent plus rien si ce n’est une autre existence. C’est le rapprochement progressif avec des liens indicibles entre le meurtrier et la jeune-fille qui va mener le reste du film. Sa cavale à lui et sa fugue à elle devient une échappée belle au bout de laquelle on aura vu un beau petit moment de cinéma.
 
Kristofy

 
 
 
 

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