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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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La Rizière
/ 2010
02.05.2012
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RIZ AMER
Xiaoling Zhu, réalisatrice chinoise installée en France depuis 1990, réalise, pour son premier film, une chronique sur la vie et les vicissitudes d’une famille de villageois Dong vivant au sud de la Chine. La narration, qui ne s’embarrasse d’aucun artifice, est limpide et prend forme par l’entremise d’une petite fille de 12 ans aspirant à devenir écrivain. Elle symbolise la réalité d’une situation socioéconomique ou la modernité du monde capitaliste prend le dessus sur les traditions ancestrales. Pour autant, la cinéaste n’en oublie pas ses racines. Le temps de la culture du riz, fondamental dans le film, rythme de manière égale la narration, comme pour nous signaler que tout n’est pas encore joué. Le ton, entre fiction (ce qu’est le film) et aspect documentaire (acteurs non professionnels, langue Dong très difficile à maîtriser) donne à la Rizière une texture unique, mixte réussie d’informations, d’attachement aux personnages et d’enjeux réels (le père arrivera-t-il à gagner suffisamment d’argent pour envoyer sa fille étudiée à la ville ?).
Au-delà de la chronique familiale il y a cette connexion avec le monde contemporain. Le peuple Dong est condamné à évoluer, parfois en mal, ou trop vite, comme en témoignent les demandes répétées du jeune frère pour avoir la toute dernière console de jeux portable. L’avenir d’A Qiu est conditionné par cette réalité. Mieux, elle la matérialise, la porte, l’espère, la désire. Mais sans colère ni esprit de revanche. Ce faisant, l’exode des jeunes vers les villes, lieu de savoir et de réussite professionnelle, ne peut être contesté. Le film montre sans le montrer la mort des villages par la désertification des bras qui la supportent encore. Le paradoxe s’affiche avec l’évidence sincère des premiers films. Malgré la multitude de scènes porteuses des valeurs traditionnelles d’une Chine paysanne (culture du riz, repas familial, combat de buffles…), l’annexion au monde « capitalistique » dominant est consommée.
La fin, aussi abrupte que sombre, sonne comme un avertissement face à un monde fragile qui ne tient, pour ainsi dire, qu’à un fil.
geoffroy
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