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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Dark Shadows
USA / 2012
09.05.2012
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WELCOME TO MY NIGHTMARE
S'enfermer dans une salle obscure avec un nouveau Tim Burton est toujours inquiétant, on ne sait vraiment plus à quoi s'attendre, d'autant plus que le monsieur a cédé depuis quelque temps déjà aux grosses sirènes hollywoodiennes et propose au final un spectacle peu savoureux. Sans surprise, hélas, c'est encore le cas avec Dark Shadows qui baigne dans une esthétique outrancière, sombre même, mais pas assez pour nous empêcher d'observer notre montre. Dark Shadows se rapproche d'un Sweeney Todd ou Alice au pays des merveilles dans l'esthétique et ainsi, étouffe le spectateur sous l'esbroufe et l'artifice pour livrer un vide constant.
La première heure du film est banale, le retour du vampire Barnabas Collins deux siècles après avoir disparu offre des scènes ringardes d'humour potache peu amusant car reposant sur d'énièmes élucubrations d'un Johnny Depp qui redécouvre le monde actuel en cabotinant façon Jack Sparrow teinté de Swneey Todd. On a de temps en temps l'impression que Tim Burton a saisit le bon fleuron du vampire, très en vogue depuis Twilight, pour en faire une histoire fantastique librement adaptée d'un feuilleton américain de la fin des années 1960 et qui perd facilement pied dans son mélange de genres. En résulte une sorte de comédie familiale dotée d'un casting plutôt intéressant, malgré un nouveau recyclage de Johnny Depp (huitième collaboration maintenant) et d'Helena Boham Carter qui finit par lasser. Mais le long-métrage n'est pas tant familial que ça, on note tout de même quelques scènes sexuelles rocambolesques et on assiste à une gamine qui subit des électrochocs dans un asile.
La bonne idée est encore de nous plonger dans la période hippie aux sonorités très seventies, mêlant du The Moody Blues, Iggy Pop, The Carpenters, et même Alice Cooper qui réserve quelques surprises. Rajoutez à cela une énième coopération avec un Danny Elfman en plutôt grande forme et vous obtenez une BO de bonne facture contrastant avec la platitude du long-métrage. Un des autres très grands atouts du film est la superbe Eva Green, déconcertante et attirante en sorcière de porcelaine, qui réveille l'intérêt et le réhausse même, offrant par ailleurs un final explosif avec florilège d'effets spéciaux réussis. D'autres femmes ne sont pas en reste, Bella Heathcote est touchante, Chloë Grace Moretz fait plaisir à revoir, bien grandie depuis qu'on l'avait aperçue dans Hugo Cabret.
Tim Burton, si l'on garde encore de lui le traumatisme de l'adaptation d'Alice aux pays des merveilles, offre à ses fans un nouveau long-métrage en mode automatique flirtant assez souvent avec la ringardise, mais heureusement bien meilleur que son film précédent. Dark Shadows se laisse regarder comme un divertissement de dimanche après-midi pluvieux, pas inoubliable, à la fois entrâinant mais aussi fatiguant et triste. Ce n'est que l'énième oeuvre désemparée du maître qui peine à se renouveler en recyclant ses clichés. Finalement, une réplique percutante lancée par la belle Eva Green résume bien l'oeuvre : "C'est la spirale infernale du déclin ici". Matthieu
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