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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Xingfu shiguang (Happy Times)
Chine / 2001
10.07.02
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LA BALADE DES GENS HEUREUX
«- Je ne fais jamais d'erreur quand il s'agit d'argent .»
Le sujet aurait pu être casse-gueule, mélo-démago, dramatico-populiste. La simplicité et la sincérité qui s'en échappent laissent à penser que le réalisateur a été à l'essentiel, sans en rajouter, avec un souci d'une forme de réalité.
C'est l'histoire d'un homme qui préfère les grosses et qui va hériter d'une enfant aveugle. Il n'est pas exempt de défauts ; et il faudra toute la gentillesse de cette Cosette chinoise pour dévoiler l'humanité de ce baratineur radin et roublard. Subtil et lége, le film nous promène dans les dédales de cette ville chinoise ultramoderne, où les boutiques Haagen Dasz côtoient les marchands ambulants. Car ce vieil homme et l'enfant semblent perdus dans ce monde en mutation. Les immeubles poussent comme des champignons, les usines sont en voie d'être rasées, les vieux bus sont retirés des parcs, et les gosses sont obèses et fainéants. Il y a de la nostalgie de voir un monde s'évanouir, celui où le rêve, le romantisme, les traditions se perdent. Et il y a la crainte et la fascination pour ce futur qui envahit cette Chine si longtemps fermée. Alors on fabule, on rêve, on invente un monde virtuel où l'argent est factice comme chez les enfants. Cela donne quelques scènes surréalistes, tantôt drôles, tantôt touchantes. On passe des moments heureux, portés par une jeune actrice formidable. Car tous ces gens ne sont pas méchants, même cette horrible bonne femme très Thénardier. Elle sait dire les vérités blessantes. Zhang Yimou ne l'excuse pas, ne lui pardonne pas.
Il a conscience que parfois il faut juste travestir cette cruelle vérité. Que des enfants, comme des petits vieux ont besoin de croire à leur monde imaginaire. A la fois portrait social réaliste et conte d'un monde flottant, au fin fond d'une zone désaffectée, no man's land atemporel d'une économie révolue, ou en pédalant contre le vent, vers un amour impossible, la caméra d'Yimou ne s'encombre pas d'effets mais sait être efficace et discrète.
On se prend à palpiter pour cette relation impossible, bâtie sur le mensonge, et en même temps sur le plus beau des dialogues : celui du don absolu, quand on attend rien d'autre.
Cela donnera une fin de fantômes chinois, un autre dialogue, presque mystique entre une lettre et un baladeur. Le film ne nous pas baladé n'importe où : il visait le oeur. C'est plutôt bien amené. vincy
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