Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Harem Suare (Le dernier Harem)


Turquie / 1999

24.11.99
 



AUX MARCHES DU PALAIS





"- C'est un signe de bétise de ne pas se plier aux règles."

Parlons d'abord des décors, d'autant que ceux du Dernier Harem sont signés par Mustafa Ulkenciler (Hammam, Agyr, Eskiya), qui a remporté le prix du meilleur décor au Festival de Antalya en 1998. Il n'est donc pas surprenant de le retrouver ici puisqu'il doit beaucoup au succès du premier film de Ferzan Ozpetek. Il y a ainsi des décors magnifiques et somptueux dans ce long métrage. C'est sans compter de l'aide apportée par Alfonsina Lettieri, la créatrice des costumes. Elle avait d'ailleurs déjà collaboré avec Véra Belmont (Marquise) et avec Giuseppe Tornatore (La Légende du pianiste sur l'océan).

Le cinéaste filme le Harem sans chercher à en percer le mystère, avec cette découverte culturelle tout à fait captivante. Belle âme généreuse, le film regrette que les Harems soient donc fermés avec la complicité du régime en place.

Voilà donc la sombre histoire que va vivre Marie Gillain avec l'un des eunuques du palais. "Harem" signifie en arabe "interdit". Et c'est bien de cela qu'il s'agit: amour interdit dans un lieu qui devient interdit. On y découvre un lieu organisé et architecturalement structuré. Il comprend des bains turcs, des chambres, des salles de musique... Dans ce lieu aux fenêtres de verre rouge sombre et bleu vivent, en plus des familles princières, près de 500 personnes; et tout cela selon une hierarchie très stricte. Les eunuques vivent aux portes du Harem. Il n'y entrent que pour servir des repas, pour distribuer les produits de beauté, mais ils jouent aussi un rôle important dans les jeux de pouvoir. Amants, aussi bien des servantes que des concubines, ils ne dédaignent pas les plaisirs de l'amour. Nadir et Safiyé vivent justement une histoire d'amour, une histoire à la fois douloureuse, physique et réelle. Le film est un jeu de miroirs, de dédoublements, de confrontation entre les cultures, les mythes, les sexualités et les langages différents.

On apprécie également la prestation de Marie Gillain, dans un registre totalement différent de ce qu'elle a fait jusqu'alors. Elle sait interpréter, avec ce qu'il faut de nuances dans son jeu, un personnage ambigu, qui recherche le pouvoir, mais avant tout l'amour. Et comme l'amour est plus important, elle succombera au charme et à l'intelligence de Nadir, un bel eunuque noir et imberbe. C'est lui qui lui enseigne les règles à suivre dans ce lieu mythique: amour, pouvoir, crainte. A peine arrivée au sommet, elle vivra la fin des Harems. Et là, le cinéaste apporte son point de vue sur la question. Car même si, après quelques siècles, et le changement des mentalités et des politiques, leur fermeture devient inéluctable, la transition n'est pas facile. On offre la liberté à ces femmes, "mais liberté de quoi? De mourir de froid et de faim?"

Ce long métrage n'est pas exempt de tout reproche. La traite des blanches, la polygamie, un brin donneur de leçon, Le Dernier Harem finit par ressembler à ce qu'il dénonce, profitant au passage de ce que la Turquie offre sans pour autant dire merci. Un film presque malpoli. Mais il reste magnifique tant par les décors que par les costumes.
 
chris

 
 
 
 

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