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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Hart's war (Mission Evasion)
USA / 2002
29.05.02
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CHICKEN RUN
Mission Évasion manque sérieusement de cohérence. Le scénario louvoie d'un genre à l'autre, d'une intrigue à l'autre, sans jamais parvenir à trouver son fil. On a l'impression que les scénaristes et le réalisateur hésitent, et qu'à force de vouloir satisfaire tout ce qu'ils imaginent être les attentes potentielles du spectateur, ils s'embourbent dans un méli-mélo inextricable dont le fond s'avère être le consensus le plus désolant.
Le film commence comme un film de guerre à gros budget : on a droit à un film d'action efficace et honorable, un divertissement musclé à la mode américaine. À partir du moment où l'on arrive dans le décor principal, le camp de prisonnier, et où apparaît le personnage interprété par Bruce Willis, le film change du tout au tout : exit les scènes de guerre et exit les effets spéciaux ; le film lorgne du côté du drame psychologique et politique. Mais l'ensemble demeure confus et brouillé : on joue à la fois la confrontation entre le héros de guerre (McNamara) et le jeune bleu planqué (Hart), les thèmes politiques (discriminations jusqu'au sein des prisonniers, entre les Russes traités comme des chiens par les Allemands, et les prisonniers américains plus respectés ; discriminations raciales entre soldats américains). Le film lorgne également du côté du suspense (enquête sur un meurtre, sur la personnalité du sergent Bedford, mise au point d'un plan d'évasion), et du côté d'un genre typiquement américain : le film de procès. Comme si cela ne suffisait pas, le film prend des allures de documentaire sur la condition des prisonniers de guerre, et re-saupoudre l'ensemble d'une touche d'action, sans doute par crainte que le spectateur s'endorme (come back des effets visuels avec le crash d'un avion).
Au final, il est bien difficile de discerner le sujet de ce Mission Évasion. Le film multiplie les sujets, mais cette inflation, loin de le renforcer, l'appauvrit, tant il peine à traiter véritablement une seule de ses pistes. La confrontation entre McNamara et Hart est assez artificielle. Le parti-pris de surprise (le spectateur voit l'action du seul point de vue de Hart, et découvre tardivement le plan d'évasion) est peu intéressant, car il nous prive d'un suspense. Enfin, le thème des discriminations raciales est lourdement recouvert par une morale du sacrifice, tant et si bien qu'à la fin, " tout le monde il est beau, et tout le monde il est gentil ".
Pour essayer de donner vie et intérêt à son film, le réalisateur ne trouve d'autre solution que de multiplier les gros plans de sa vedette, Bruce Willis. Mais l'acteur semble perdu dans un rôle vague et sans grand intérêt, et il se contente de plisser les yeux et de froncer les sourcils tout du long. Le spectateur, lui, regarde sa montre. benjamin
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